Ariel. Faut qu'on parle. J'aime pas cette situation. J'aime pas ce bordel. T'sais, on est civilisés, on peut parler sans se taper dessus. J'aime pas non plus parler pour dire de parler, mais des fois, c'est nécessaire, ne serait-ce que pour dissiper ce putain de malaise qui plane depuis plusieurs jours. Ecoute. J'vais faire bref parce que j'aime pas non plus faire état de ce que j'ressens...Mais...J'suis désolé. Voilà, je sais que ça ne résoud pas tout, qu'il y a des choses qui sont pas pardonnables, mais il se trouve que je me suis sacrément fourvoyé en sortant avec Konstantine. Je sais que tu raffoles de savoir les détails et que tu te foutrais de moi parce que j'ai agi comme un gros naze, mais je préfère le dire de vive voix, pas par écrit. Fais pas la gueule en lisant ces quelques mots, on a passé l'âge aussi. Figure toi que pour prendre la plume j'ai dû prendre sur moi et ma fierté légendaire. Ca me fout en l'air d'écrire tout ça parce que putain, j'ai l'impression de ramper à tes pieds et que ça m'ôte toute dignité, déjà que j'en avais pas beaucoup. Mais entre une pseudo fierté à la con, une réputation de p'tit branleur et nous, le choix est vite fait. Je te laisse deviner quel est donc mon choix, fais pas comme si tu ne comprenais pas où je voulais en venir, t'es intelligente, t'as parfaitement compris.

Alors oui, des fois je me surprends à vouloir retourner en arrière. Qui de toute façon n'a jamais ressenti une quelconque nostalgie? Personne. Je suis catégorique, certes, mais j'ai mes raisons de penser cela. Quand le présent part en couilles on aime se rappeler du passé qui était un minimum stable, tout du moins, moins en bordel dirons nous. Bref. Où je veux en venir? Gerry. Mètre de shooters. Joints. Billard, danse, vieux rock et parler. Jusqu'à plus d'heure. Comme avant. Ca me manque. J'ose espérer que ça te manque à toi aussi. Mais en tout cas, pour qu'on continue à vivre décemment, les abscès devront être crevés un jour. Ca ne se fera pas sans cris; Sans heurts non plus. Je te connais. Tu me connais. On n'a pas des caractères faciles. Mais il est temps je crois qu'on se comporte comme des êtres civilisés. Qu'on arrête de se taper sur la gueule un moment, on n'est plus des mômes putain. Tu râles parce que je m'affiche avec d'autres nanas que toi? Mais bordel Ariel, réagis, tu crois que ça me fait quoi, à moi, quand je vois tous les mecs qui te passent dessus? Tu crois que j'ai pas envie de les détruire sur place, de vouloir te garder pour moi? Sauf que voilà, moi je ferme ma gueule. Comme je l'ouvre toujours quand il faut pas, je l'ouvre jamais quand il faut. Mais maintenant que c'est nécessaire, je vais l'ouvrir ma gueule. Allez Ariel, ne m'oblige pas à te supplier. Tu peux le faire? Pour moi?

Is'.

PS: La dernière fois tu me demandais si je me souvenais de l'été de nos quinze ans. Je t'ai répondu que non, mais en fait je m'en souviens. Ce sont des choses qu'on n'oublie pas, même avec toute la volonté du monde. On était jeunes. On était encore insouciants; On pouvait encore faire des conneries sans en être inquiétés. Mais putain, qu'on pouvait être heureux. Des fois, j'aurais tout donné pour pouvoir retourner à cette époque. Mais faut pas rêver non plus, le temps passe, on finit par grandir. La mentalité ne suit pas toujours, mais on doit faire avec.
PS1: Excuse pour les fautes, je n'ai pas pris le temps de me relire.