Guennadi, surnommé Guen, est né dans une petite maison du Val d'Oise, en mars 1987, de l'union atypique d'une aristocrate française et d'un roturier russe. Délaissant son héritage et son rang, Ariane avait fait fi des convenances pour convoler en justes noces avec Pavhushshenkov, cet Auror venu du Nord, qui, en plus d'un dépaysement certain, lui offrit, en s'installant dans l'Hexagone, une affection sans bornes.

Pour Guen, cela s'arrête là. C'est une histoire un peu mièvre, un peu plate, qui n'a comme réel relief que sa naissance, celle de Nechka, un déménagement casse-pied et ce sentiment d'incomplet par le rejet explicite d'une vie plus fastueuse posé par sa mère. Pas de grands-parents pour les choyer, ni du côté maternel, ni du paternel, les autres figures familiales s'incarnant en deux de leurs oncles, Basile et Aramis, dont le second est également son parrain.

Préposé ange gardien de sa démone de sœur, Guen s'est érigé indirectement en modèle et mentor, pour le bon comme le mauvais. Habitué à raconter salades sur salades à sa cadette afin de la taquiner, cette dernière a fini par croire tout, y compris l'incroyable. C'est ainsi que Bastet, la chatte rousse du jeune homme qu'il a emportée avec lui à Nameless, est à la fois le pire cauchemar de la rouquine mais également sa plus grande source d'inspiration.

A Beauxbâtons, Guennadi fut un jeune homme charmant, sociable pour qui devenir Auror s'inscrivit comme une évidence afin de suivre la ligne familiale. Il rentra dans leurs rangs dès qu'il eut son diplôme en poche, réussissant le concours d'entrée avec l'aisance qu'offre le fait d'avoir un tel métier dans la peau. Nul ne sait exactement s'il a débarqué sur Nameless l'année dernière pour faire comme son père, pour de nouveau veiller sur sa frangine ou simplement parce que le projet le bottait réellement, bonnes connaissances des créatures obligent, toujours est-il qu'il était là, plus vaillant que jamais.


Présent au QG, contrairement à son père qui était en patrouille, Guennadi affronta la fureur du loup sans avoir froid aux yeux en dépit du fait qu'il soit encore un bleu. Tiraillé entre sens du devoir et crainte pour ses proches, très nombreux sur l'île, le Franco-russe fit preuve d'une grande pugnacité mais n'en sortit pas indemne. Outre les blessures récoltées durant l'attaque, la remise en question quant à ce qu'il aurait pu mieux faire cette nuit-là et autres interrogations internes, il a retrouvé sa frangine brisée à la sortie de sa convalescence. Quelque chose ne brillait plus à l'identique dans son regard et s'il a constaté depuis la rentrée qu'elle donnait à peu près le change, il la connaît suffisamment pour apercevoir les failles. A toujours l'élever dans un monde entre rêve et réalité, aurait-il oublié de prévenir la chute ? Si le jeune homme n'avait peut-être postulé sur l'île que par pur devoir moral et filial, ce n'est plus vrai. Son retour pour une année supplémentaire est motivée à la foi par une inquiétude latente face à la profondeur de la peine de Nech, profondeur qu'il ne parvient à sonder, et l'envie de la voir réellement relever la tête ... Sans compter ce fond de culpabilité dormant dans sa poitrine.