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« Mademoiselle Arguedas, vous serez la tutrice de Monsieur Bernhardt en histoire de la magie » m'avait-on, en substance, déclaré un beau jour. Catapultée chaperon, j'étais en charge d'Istvan qui se préoccupait de ses cours autant qu'une tortue de mer de ses petits. Autrement dit, j'étais en plein dans la galère, prête pour ramer à long terme. Dès le départ, ça avait été ... électrique ? Non ... Contreproductif. Le jeune homme freinait des quatre fers et ma patience avait des limites bien définies qui, une fois franchies, aboutissaient toujours au même résultat : je le plantais là. Bon, ceci dit, prise de remords trois fois sur quatre, je lui transmettais mon devoir avec un « bonne copie » en mot d'accompagnement, lui soulignant que, quand il serait disposé à travailler pour de vrai, il n'avait qu'à me faire signe.

Quand on parlait des cours, je disposais d'un peu plus d'assurance que d'ordinaire et, s'il est vrai que j'appréciais aider autant que j'éprouvais des difficultés à dire « non » pour décliner un service à rendre qui ne m'enchantait guère, j'avais tout de même suffisamment de caractère pour ne pas perdre mon temps à rien ... Au final, ça avait porté ses fruits et considérablement augmenté la durée de nos entrevues avec l'élève de Salem. La raison de ce miracle ? Il me faisait sécher sur mes feuilles, dilatant les secondes, les minutes et les heures à en faire pâlir d'effroi le continuum espace-temps. Jusqu'à ce que je comprenne les ficelles de son manège et décide de jouer la carte du risque pour vérifier mes hypothèses.

Et ce jour ... C'était aujourd'hui.

Comme souvent, nous avions rendez-vous dans la cour intérieure afin de nous papoter un peu sur le sujet du jour avant de rejoindre la bibliothèque. Enfin, afin que j'expose le sujet du jour, Istvan préférant sans doute écouter et embrayer sur autre chose que débattre « histoire de la magie. » Quand même, comment les gens parvenaient-ils à développer une telle allergie envers cette matière ? Uu Enfin soit, apercevant le jeune homme, je le rejoignis d'un pas rapide. •3• Salut, salut. Alors, j'ai ... ceci pour toi. •3• Fis-je, tapotant négligemment mon sac de la main avant de l'ouvrir et en tirer des parchemins roulés que je tendis à Istvan non sans avoir pris une grande inspiration. •3• C'est mon devoir sur la Pythie de Delphes et la synthèse du cours. Je te laisse dix minutes pour jeter un œil, poser tes questions et après direction la Forêt des attraits, si le cœur t'en dit vu que, de toute façon, quand on bosse, tu n'as pas l'air enthousiasme alors autant une fois changer de registre, non ? •3• Débitais-je d'un coup, happant une grosse lampée d'air une fois ma proposition lancée afin que mes poumons reprennent du service dans de bonnes conditions. Non, je ne l'avais pas regardé droit dans les yeux pour parler mais j'avais tenté d'avoir la voix la plus sûre possible. Je voulais comprendre pourquoi il faisait durer si longtemps nos devoirs depuis que j'avais lancé que, plus vite on s'y mettrait, plus vite on aurait fini, le laissant alors libre de s'occuper d'autre chose que mes discours historiques.


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Durant l'époque Poudlard, Istvan n'avait jamais eut d'affection particulière à l'égard de l'Histoire de La Magie. Il faut dire que ce n'était ni passionnant d'une manière générale, ni suffisamment vivant (Oui, les personnages étudiés étaient généralement plus que morts... Hahaha. Non ? Bon.) pour qu'il la trouve digne d'intérêt. Pas que l’obtention de ses ASPICS ait radicalement changé son avis sur la question. Il n’y avait obtenu qu’un maigre A… Ce qui n’était pas franchement reluisant. Mais on pouvait plus ou moins constater que londonien avait changé son approche de la matière. Pour son année d’infiltration (Qu’il espérait unique, ce serait bien u.u), non content de se foutre royalement de ce qui avait pu se passer en l’an 32 avant l’avènement de la chaussette de Merlin, il avait également pris le parti de pourrir la vie de quelques autres étudiants. Un peu plus drôle comme ça non ? Ben oui, il fallait bien s’occuper. Se voir obligé de retourner en cours, pour une cause, aussi noble soit-elle, n’avait rien, mais vraiment rien d’enthousiasmant, croyez-moi. Et Istvan trouvait cela même profondément ennuyeux.
En désespoir de cause, le Professeur Silva lui avait collé une jeune Yolihuani aux basques, comme si le pouvoir des œstrogènes était capable de le faire basculer du côté studieux de la Force. N’importe quoi. Nascha Arguedas était une jeune fille sympathique, pour ce qu’il en savait. Et également disponible en plusieurs exemplaires. Mais qu’importe, bien que n’ayant nullement l’intention de lui nuire, il n’était pas non plus question de se laisser docilement mener vers des sentiers moins chaotiques pavés de devoirs faits à l’avance. Istvan n’avait jamais été du genre studieux à Poudlard alors que l’épée de Damoclès des ASPICS planait encore au dessus de son malheureux crâne. Maintenant qu’il en était débarrassé, ce n’était certainement pas le moment de se la jouer petit élève modèle.

Enfin bon, généralement, il passait son temps à rebondir sur chaque évènement évoqué par Nascha, s’emportant volontiers dans des digressions historiques dignes des plus grands auteurs de fictions absurdes. Et en conséquence, elle le plantait seul au bout de quelques temps, trop abattue, agacée ou allez donc savoir pour avoir envie de poursuivre le travail. Istvan avait légèrement paniqué à leur première rencontre, déçu surtout de la voir abandonner si vite. Mais elle était bien plus résistante qu’il ne l’aurait cru. Bon point pour elle. Et elle était revenue pour lui fournir le devoir en bonne et due forme, revenue pour travailler et repartir aussi vite. Chaque fois, l’ultime message était le même : Quand tu seras disposé à bosser, tu feras signe. Haha. Blague. Comme s’il allait lui faire signe.

Cour intérieure, comme d’habitude. Le regard d’Istvan avait croisé celui de sa tutrice et un sourire avait éclairé son visage. Parce qu’il l’aimait bien, quoi qu’on en dise.
▬ Salut, salut. Alors, j'ai ... ceci pour toi.
Sans un mot, il l’observa sortir le rouleau de parchemins de son sac avant de s’en saisir avec un certain flegme.
▬ C'est mon devoir sur la Pythie de Delphes et la synthèse du cours. Je te laisse dix minutes pour jeter un œil, poser tes questions et après direction la Forêt des attraits, si le cœur t'en dit vu que, de toute façon, quand on bosse, tu n'as pas l'air enthousiasme alors autant une fois changer de registre, non ?
Il avait ouvert la bouche pour protester quant à l’épaisseur de ce qu’elle lui donnait, jugeant cela certainement trop long pour lui et que… « Jamaaaais il ne serait capable de recopier cela à temps ». Ou quelque chose du genre. Enfin, il fallait bien dire que pour une fois, Istvan avait THE excuse valable. Bien que le sens du mot valable soit tout à fait relatif.

▬ Ha, tu me sauves la vie. Tu le sais ça ? Non parce que bon… Tu vas jamais me croire, mais j’ai rencontré une furie l’autre jour sur l’île Marchande, du côté de la Fontaine de la Chance, dans le genre totalement folle et totalement hystérique. Non pas la concierge, une autre. La même, sinon pire. Elle était en fauteuil roulant et m’a lancé un galion en pleine tête. Alors bien sûr, j’ai glissé droit vers les pavés. Et tout mon devoir a atterri dans la fontaine. Incroyable non ? conclut le londonien.
Avec dépit, Istvan hocha la tête et montra brièvement un bout de papier froissé au creux de sa main. Bon d’accord, elle n’y croirait peut-être pas. La dernière fois, il avait prétexté une attaque surprise de goules mangeuses de caleçons. Et qu’il avait dû lancer son devoir sur les Sorciers du Moyen-âge pour faire diversion. Ceci expliquait peut-être cela.

Il haussa les épaules et parcouru un instant le parchemin des yeux.
▬ Ils ont vraiment fait un cours sur la Pythie… Mais grave quoi. Enfin bref. Ca m’a jamais trop branché ces histoires d’Oracles. J’en vois pas l’intérêt. C’est comme la divination. C’est débile. Qui peut croire que des feuilles de thé peuvent te livrer ton avenir ? Et si t’aimes pas le thé ? Et si t’aimes pas les étoiles ? Tu savais que la Lampadomancie consistait à lire l’avenir dans les lampadaires ? Y'a l'Ornithomancie aussi... Mais je sais pas à quoi ça pourrait correspondre. Pas sûr qu'on lise quoi que ce soit dans les yeux des ornithorynques... Non mais… N’importe quoi.
Il agita le rouleau de parchemin sous le nez de Nascha avant de se redresser avec un air fringuant.
▬ J’ai tenu dix minutes là ? C’est bon ? On bouge ? Ton idée, là, ça me va. Mais bon, t'es pas obligée non plus hein ? T'as plutôt l'air du genre studieuse. Qui refilerait ses devoirs à quelqu'un d'autre ? Même Braxton fait pas ce genre de truc.
Direction la Forêt des Attraits. L’idée d’aller s’y balader en compagnie d’une élève qui n’était pas Susi n’avait rien d’ultra fun ni intéressant en lui-même. Mais si cela pouvait lui éviter d’avoir à sortir du dortoir pour y patrouiller seul en pleine nuit… C’était Banco pour lui.

Etranger aux fluctuations spatio-temporelles que Nascha pouvait vivre, Istvan l'étudiant lambda, option total crétinous continuait à penser que de toute façon, l'Histoire de la Magie était une matière de vieux croûtons. L'auror en lui espérait toujours forger une petite partie de cette Histoire poussiéreuse qu'on ne lisait jamais, bien qu'il souhaitât intimement que des incidents comme ceux de l'Argentine ou des USA n'en fassent jamais partie. Ou de loin, en tout petit, dans la marge.
En parlant d'histoire, la péruvienne n'avait pas l'air d'adhérer à celle qu'il venait de lui énoncer. Pour une fois que ce n'était que pure vérité, voilà qu'il était déçu.
▬ Roooh, j’espère que ce n’est pas de Noah dont tu parles, hein … Parce que si c’est le cas, je doute que ce soit de l’hystérie mais plutôt de la juste vengeance. Et puis … Si tu l’avais si bien fait, tu peux me dire la mention spéciale qu’il fallait faire sur le mode d’élocution de la Pythie ?
Le mode de queuwah ? Istvan haussa un sourcil circonspect. Si mention spéciale il y avait eut, elle avait dû lui passer à des milles au-dessus du crâne. Ou c'était lui qui planait. Dans un cas, comme dans l'autre, l'anglais n'avait pas la moindre petite idée de la réponse.
▬ Non, ce n'était pas Noah... Et qui parle de vengeance ? Un sourire angélique se dessina sur les traits de l'anglais tandis qu'il partait explorer les confins de sa mémoire chaotique à la recherche de vieux relents de cours en provenance de l'ère Poudlard. Et vu l'état de délabrement de ses connaissances, il ne put que vaguement approuver le retour en cours imposé par la mission. Quant à la Pythie... Elle s'exprime en hexamètres ? Elle chante des chansons paillardes ? Elle doit parler en verlan ? Oui bah dans le tas, il devait bien y avoir une réponse de juste... Et quand bien même... Il n'avait peut-être pas retenu le petit H du paragraphe 98, alinéa 12, ça ne lui coûterait certainement pas son année (Premièrement parce qu'il l'avait déjà et deuxièmement parce que cela était laissé à l'appréciation de ses supérieurs.). Donc non, il ne savait pas quel mode d'élocution pouvait bien employer la Pythie, mais lui, il savait comment casser du mage noir. Et aussi comment toucher son nez avec sa langue, mais c'est accessoire.

Puis ils avaient discuté de choses et d'autres. Enfin... Istvan avait parlé, principalement. Nascha n'avait fait qu'écouter et répliquer avec une certaine lassitude avant de s'affirmer avec fermeté, pour le plus grand plaisir du londonien.
▬ Non, je ne suis pas obligée, va, je suis loin de me forcer, tu sais… Aussi studieuse suis-je, ça ne m’empêche pas de vivre. Donc on y va. Bonne réponse, jeune padawan !
Glissant le devoir dans son sac, il ne se fit pas prier pour embarquer sa tutrice en direction de ladite Forêt des Attraits, histoire de faire sa ronde à l'avance. Ou une partie du moins.
▬ Tu juges souvent les livres à leur couverture, alors ? C’est pour ça que tu en ouvres si peu ? Demanda Nascha à quelques mètres de la forêt.
La question de la péruvienne titilla l'oreille de l'auror. D'un point de vue purement littéraire, Istvan devait bien avouer qu'il n'ouvrait que très (trop ?) peu de livres, considérant qu'en effet, en dehors de la bande dessinée, toutes les couvertures des bouquin sorciers étaient moches et surannés donc leur contenu très peu dignes d'intérêt. Un peu comme les femmes en fai... *PAN*
Humainement parlant, outre les quelques considérations machistes du londonien, le système ne changeait guère. Déformation professionnelle dirons-nous.
Être auror tendait à le rendre légèrement paranoïaque, mention chiant. Si ça continuait, il pourrait finir comme Jude. Ou pire. Johnson.
Bref. De son point de vue, dans le feu de l'action il n'avait pas guère le temps de s’appesantir sur des questions philosophiques telles que "Qui est-il donc ? Pourquoi est-il si méchaaant ? Est-ce qu'il aime les bébés pandas ?". Lorsqu'un sorcier avait tout d'un mage noir et qu'il pointait ce que semblait être une baguette vers votre petite tête, on le massacrait à coup de pioche/Avada Kedavra & co pour discuter après s'il restait des morceaux. Point.
Enfin non. Istvan et les nouvelles générations d'Aurors avaient tendance à avoir une approche plus subtile. Mais l'idée générale restait la même. Agir à l'instinct;
S'il avait voulu prendre le thé avec des types louches et discuter chiffons et trafic de baguettes magiques, il aurait plutôt embrassé la carrière de politicien. Puis ça payait mieux.
Seulement l'anglais n'avait jamais été du genre cérébral (Ou alors avec du lait, le matin *out*) et nettement plus porté sur l'action.
Pas qu'il soit stupide, loin de là, mais voyons... C'est Istvan.
Alors oui, lorsque les circonstances l'exigeaient, comme à Elderwood, l'anglais ne se privait pas pour juger les élèves au premier regard. Ce qui ne rendait pas forcément des résultats incorrects, d'ailleurs.

Istvan se tourna vers Nascha, affichant un sourire mutin qui parlerait presque de lui-même.
▬ Les livres, non, je plaide coupable, j'en ouvre peu. Pas pour moi. Trop long, trop de pages, trop moche. Mais toi, j'aime bien ta couverture. acheva-t-il avec un sourire grandissant.
Sans attendre de réponse/réplique/gifle cinglante, il s'engouffra dans la forêt, une main effleurant la baguette glissée dans sa poche, les sourcils froncés. Aller faire un tour pour s'éclater oui, mais mourir dévoré par une fleur qui sent la framboise... Très peu pour lui. L'anglais restait donc sur ses gardes, sans pour autant en oublier sa tutrice.
▬ Mais dis moi... Si tu ne juges pas un livre sur sa couverture avant de le lire. Tu juges sur quoi ? Hein ?
Istvan ou le don de poser des questions stupides quand on se balade en pleine cambrousse pleine de couleurs chatoyantes mais pas franchement rassurantes, à l'image de ces petites grenouilles tropicales. Approche-toi trop près et...

[Bon, moisiiiii mais si tu veux que je change, tu me Skype =D]

Finalement, toutes les pseudo-séances de rattrapage n'étaient peut-être pas destinées à être totalement rasoir ou vouées à s'achever en pugilat sur le départ retentissant d'une des deux parties. Soit Istvan parce qu'il en avait ras-le-slip de Morgane, Salazar et leurs potes, soit le camp adverse, plus simplement lassé par les excentricités exagérées de l'auror. Mais là, Nascha était différente. Elle allait l'emmener dans la forêt, ils feraient un pique-nique précédé d'une balade bucolique en chantonnant des comptines pour enfants de huit ans et ils... (Non, j'déconne, Jude, me frappe pas) Ou bien la péruvienne projetait de l'assassiner en livrant ses tripes en pâtures aux végétaux psychopathes qu'abritait la forêt des Attraits. Qui n'était plus si attrayante, finalement... Comme pour rendre justice à Noah, par exemple...
▬ Moi j'ouvre le sujet, toi, tu le complètes puisque tu as ... des choses à dire ? Avait fait la jeune femme, attisant brièvement la paranoïa d'Istvan.
Le Londonien avait finalement pris une immense et profonde inspiration avant d'éluder la question en passant directement à la suivante. Voyons. Istvan. Tout le monde n'était pas Jude, avait songé l'Auror en même temps qu'il débitait d'une traite son babil incohérent sur la Pythie... Et par extension, tout le monde ne fantasmait probablement pas sur sa mort, écrabouillé, plongé dans un bain d'acide, broyé ou coupé en rondelles.
▬ ... En fait, le grand dadais qui fait pitrerie sur pitrerie, c'est un genre que tu te donnes ?
La réflexion arracha un franc sourire à Istvan. Un genre. Oui et non. Les relents historiques ne s'étaient pas avérés si stériles, finalement. La preuve que Nascha n'avait aucune envie de répandre ses boyaux sur le sol en psalmodiant des cantiques sataniques. Sans réponse digne de ce nom à lui offrir, l'Anglais se contenta d'un haussement d'épaules hasardeux assorti d'un sourire amusé.

Quelque idioties et réponses amusées plus tard, Istvan avait embarqué la Yolihuani à sa suite, ayant arbitrairement décidé que la balade du jour serait donc un prétexte pour sécher et/ou écourter la ronde qui lui faisait de l'oeil un peu plus tard dans la soirée et qui promettait d'être tout sauf réjouissante. Le raisonnement lui avait paru presque évident. Et non moins absurde, à l'instar d'un "Je ne fais pas la vaisselle, j'l'ai déjà faite ce matin et c'est pas comme si en 12h et des bananes, d'autres assiettes s'étaient empilées", le Londonien avait inventé le "Je ne ferais pas ma ronde dans la forêt ce soir, j'y suis passé y'a cinq heures. RAS."... Tout en sachant pertinemment que, pris de remords et d'un possible (ou pas) sens du devoir, il se lèverait quand même pour aller vérifier que la marguerite en B6 sur sa carte n'avait pas changé de place. Et si, accessoirement, aucun mage mal intentionné/Habitant psychopathe et compagnie, n'essayait pas de s'introduire dans l'école en fourbe.
▬ J'en ai une bien sur mon lit, aussi, je te la montrerai, si tu veux. Avait répondu la péruvienne avec esprit.
A ces mots, un sourire amusé avait égayé le visage d'Istvan. Bonne répartie, plutôt bien joué ! Il l'aurait bien applaudit s'il n'avait pas été trop occupé à serrer sa baguette en louchant sur la petite fleur jaune à pois roses qui venait de s'agiter sans raison apparente. L'Auror avait haussé un sourcil perplexe, avant de se demander s'il ne valait pas mieux pour lui et pour Nascha s'il cessait de psychoter sur n'importe quel végétal s'agiter de façon tout à fait suspecte (Si, les fleurs s'agitent de façon suspecte, c'est un fait avéré UU).
Il passerait pour le paranoïaque de service et cela n'arrangerait certainement ce qui lui servait de réputation auprès de la péruvienne qui le caserait prochainement dans la famille des "Il est un peu fêlé, mais c'est un brave gars.".
▬ Ouais, enfin ...
Istvan se détacha des végétaux suspect et posa un regard interrogateur sur Nascha. Avant d'éclater d'un rire franc et clair. Ce qu'elle avait dit l'avait visiblement plus troublée qu'il ne l'avait été, à en juger par la couleur joliment cramoisie dont se paraient ses joues.
▬ Haha, j'ai compris, t'inquiète, va. Tenta de la rassurer l'Auror tout en essayant vaguement de dissimuler son hilarité. Je me ferai un plaisir de rencontrer ta superbe couverture. Jsuis sûr qu'elle est super sympa ! poursuivit-il en l'attrapant par l'épaule, encore secoué de quelques crises de rire.
Ils passèrent les premiers bosquets, bien connu du Londonien et s'enfoncèrent plus loin encore dans l'exploration des lieux. Ou pas, dans le cas d'Istvan.
La péruvienne arracha un nouveau sourire à l'Anglais, achevant de le dérider.
▬ Je pose mon bilan seulement lorsqu'il est lu. Quitte à découvrir les différentes interprétations de certains passages avec le temps. Toi pas ? Tu classes à la tranche, au pire via la quatrième de couverture ? Et ça, c'était une réponse intelligente.
▬ Ouais... Faudrait déjà que j'ouvre un livre. Généralement je lis les premières lignes et un passage vers le milieu... La quatrième m'intéresse pas vraiment. Les gens mettent bien l'avis qu'ils veulent tu vois ? Aucun éditeur censé ne mettrait "Bouquin tellement pourri que je m'en sers pour caler ma porte dans les toilettes" (Sorcier Magazine). Ce sera toujours un pâté hypocrite et complètement subjectif de type "Une véritable invitation au voyage ! Un régal !". Geeenre ! Répondit-il, égayant son propos de grands gestes excédés. Parce que oui, l'hypocrisie pour faire vendre... C'était un peu con. Et il se faisait toujours prendre. Comme les pub Axe avec des filles toutes nues... Il devrait peut-être envisager de tester l'idée avec Jude tiens... Non ? Mauvaise idée ? UU

▬ Tu la connais bien, la forêt ? Interrogea Nascha, quelques pas plus loin
Sans cesser de marcher, Istvan ne répondit pas tout de suite. Comment dire que oui, il la connaissait un peu par coeur, depuis le temps, sans passer pour le crâneur/auror/Mec suspect du coin mais qu'en même temps non, pour préserver sa couverture, ce sans faire paniquer la péruvienne ?
▬ Ben... Je connais un peu son fonctionnement. Fit-il en s'arrêtant, songeant que "Une peu" était évidemment le compromis bateau entre un "Oui" catégorique et un "Noooo Fuyezzzz". Tu vois, cette forêt, elle est un peu comme un bouquin mais à l'inverse. Elle a l'air toute chatoyante, toute jolie, comme ça... Mais les plantes, tu t'approches d'elles sans te méfier et elles te bouffent !
Pour illustrer ses dires, il jeta une boulette de parchemin dans un coin ombragé et grimaça théâtralement en entendant quelques bruits suspects s'en échapper (Ha, vous voyez ?!).
▬ Bon, cela dit, c'est pas aussi horrible que ça en a l'air. C'est quand même drôlement joli dans le coin. Des cascades, des oiseaux qui chantent... Des trucs de filles quoi. Tu dois aimer ça toi, non ? Et tu la connais, cette forêt ? Temporisa-t-il en se tournant vers Nascha, arborant le sourire du crétin macho et manichéen qui séparait le monde entre filles/barbies et mec/GI Joe.
C'était bien comme ça que procédaient certains mecs... Non ?

▬ Elle a juste tendance à parfois faire la pelisse. Sourire amusé pour l’Anglais, éclat de rire lâché au hasard, sorte de « Haha, j’ai pas compris ta blague, en fait. » sans l’être. Il lui tapota l’épaule de nouveau, comme si cela pouvait l’aider à comprendre ce qui se passait dans cette petite boîte crânienne péruvienne avant d’enchaîner joyeusement sur les livres, les manuscrits, les grimoires, tout un tas de trucs qu’Istvan l’auror avait bien été forcé de lire et qu’Istvan l’étudiant préférait largement brûler pour faire du feu l’hiver. Ou pour immoler un de ses camarad-… Hum. Non. Juste pour faire du feu.
▬ Ah oui, évidemment, le côté « je vends mon produit » est totalement surfait. Istvan hocha brièvement la tête. Sur ce point, au moins ils étaient d’accord. S’il avait bien compris. Si ce n’était pas encore une blague Nasha/Nechienne bizarre. Dans le doute, sourire léger.
▬ J'évoquais plutôt le résumé du début du livre. Les quelques phrases qui mettent « ça va vous parler de ça ». Ca permet de se faire une première idée avant de découvrir par soi-même.
Ah. Pas de blague derrière. Sourire effacé, retour à la normale. L’Anglais hocha la tête, accompagnant le tout d’un vague « hum hum » approbateur. Apparemment, s’il commençait à lancer Nascha dans les bouquins, ils pourraient passer le prochain mois à causer vieux parchemins sans sortir de la forêt. Mauvaise idée, donc, baladons-nous d’abord, nous reviendrons sur le sujet plus tard. Finalement, il préférait quand la Péruvienne se perdait en digression, ça donnait moins l’impression d’être un con. Ou de se retaper une scolarité.
Tandis qu’ils progressaient sur le chemin, s’enfonçant plus profondément dans la forêt, Istvan avait laissé tomber qu’il la connaissait plutôt bien sans pour autant s’avouer véritable ranger des bois, super yéti reconnaissant la moindre moisissure, le moindre petit tas de lichen mousseux et moisi à 200 mètres.
▬ On dirait que tu en parles comme d'un être à part entière. Le Londonien haussa un sourcil. C’était lui ou cette réplique semblait tout droit venue d’un film ? Ce à quoi le héros répliquait : « Oui, tu vois, la forêt est vivante, elle respire, tu vois la terre t’appartient tout entièèèère, pour toi ce n’est qu’un tapiiiis de poussièèèère mais elle vit et palpite. »… Qui a dit Pocahontas ?
Et qu’Istvan se contenta de transformer en :
▬ Ouais, c’est une forêt quoi. Avec tout ce qu’il a dedans. De vivant, de mort. D’un peu des deux. On peut dire que c’est une entité. Et que parfois, elle a envie de te bouffer.
▬ Attends, c'est vrai ce qu'on raconte ?
Passant dans la phase « foutons la trouille à Nascha pour lui passer l’envie d’explorer dans des endroits trop louches », l’auror tapota l’épaule de sa camarade, histoire de la rassurer un peu, baguette toujours en main. On n’était jamais trop prudent, m’voyez ?
▬ Tu rigoles ? ?
L’Anglais se contenta d’un simple sourire énigmatique.
▬ T’as la frousse, Argüedas ? Allez, te bile pas, j’suis là. Boooon, peut-être que d’un point de vue d’élève, ce n’était pas siiii rassurant, considérant qu’Istvan n’était pas réputé pour être la tête d’ampoule de la classe… Mais l’intention y était. Bref, vite, diversion à tendance machiste !
▬ Istvan, c'est avec des clichés pareils que tu appréhendes les cours aussi ? Et tout le reste de l'existence ? Ou tu réserves ça aux filles ? Parce que, si oui, je te conseille de revoir tes techniques, tu sais. Lui lança-t-elle. Hrm. Quoi, ça ne lui plaisait pas qu’on parle de choses de filles ? Elle préférait sans doute qu’on l’emmène dans un cimetière en affirmant « Regaaaarde, comme c’est morbide, c’est comme toi ». Romantique.
L’Anglais soupira. Non, il ne réservait pas les clichés aux filles, de toute façon, il était plus dragonophile, comme mec… Donc pour les techniques de drague, il repasserait ou attendrait que James s’y essaie.
▬ Ok, c'est beau, c'est joli, etc., mais de là à tomber en pâmoison, y a un peu de marge. … Qu’est-ce qu’on vous disait ? Les filles, toutes des chieuses. Faisons comme si nous n’avions pas entendu Istvan marmonner un « Jamais contentes, merde », voulez-vous ?
▬ Ceci dit, je la connais un peu, la forêt. Mais pas au point de pouvoir en déjouer les pièges. D'ailleurs, en plus des plantes bizarres, tu crois qu'il y a des animaux dangereux ? Ou ... ou les plantes les bouffent avant ?
Istvan fixa Nascha, hésitant entre affirmer sans ambages que oui, elle risquait probablement de mourir dévorée par une fleur qui sentait la banane, mais que, bonne nouvelle, elle sentirait bon… Ou jouer le type qui se voulait rassurant mais pas trop (Oui, ça ne veut rien dire, j’assume).
▬ Ben… Je ne saurais pencher pour l’un ou l’autre. J’pense que cette forêt s’équilibre très bien tout seule et que de gros animaux dangereux dévorent les petits puis les plantes finissent par faire le ménage. Genre…. NE TOUCHE PAS A CETTE FLEUR ! Meugla-t-il soudainement en pointant une délicate plante aux pétales dorés qu’il tapota prudemment du bout de sa baguette.
▬ Hum. Fausse alerte. On sait jamais, quand même. Mais profitons-en pour bosser, du coup. Tu t’y connais en botanique ? Parce que moi, non. U_U

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La Forêt des Attraits, d’accord, mais plus la conversation avançait, plus je concluais que ce n’était pas elle qui avait grand-chose d’attirant mais nous, plutôt, qui attirerions les ennuis. •3• Ouais, c’est une forêt quoi. Avec tout ce qu’il a dedans. De vivant, de mort. D’un peu des deux. On peut dire que c’est une entité. Et que parfois, elle a envie de te bouffer. •3• Oh … Il va falloir que je trouve un moyen d’empêcher mon hibou d’y aller. •3• Rétorquai-je d’une voix un peu trop neutre pour être normale. Bonjour, je suis Nascha « qui ment très mal » Arguedas. Toujours est-il que je m’imaginais maintenant morte dans les jours qui suivaient si j’utilisais mon don n’importe comment, ce qui était très rassurant. J’avais peut-être survécu les fois précédentes, la suivante s’avèrerait probablement celle de trop. Youpi. Et un tapotement sur l’épaule ne dissiperait hélas pas mon appréhension. •3• T’as la frousse, Argüedas ? Allez, te bile pas, j’suis là. •3• Oui ben … justement. •3• Comment ça, « ça n’était pas très délicat » ? Pourtant, vu toutes les peines que les tuteurs d’Istvan avaient à lui faire entendre raison à propos des cours, je m’attendais plutôt légitimement à ce qu’il lance un aguamenti à une bête féroce plutôt qu’un stupéfix. Ou alors carrément un incendio et, aujourd’hui, on ferait barbecue géant dans les forêts de Nameless.

L’histoire de prédateurs mués en proie me turlupinait d’ailleurs beaucoup. Je finis par poser ma question, priant intérieurement pour que la réponse soit « non ça va, les plantes se contentent de bouloter du moucheron, pas de souci ». Sauf qu’en fait … non. •3• Ben… Je ne saurais pencher pour l’un ou l’autre. J’pense que cette forêt s’équilibre très bien tout seule et que de gros animaux dangereux dévorent les petits puis les plantes finissent par faire le ménage. Genre…. NE TOUCHE PAS A CETTE FLEUR ! •3• Les yeux posés sur un spécimen assez voyant de végétal – pétales dorés, quand même, on ne se refusait rien -, je sursauté à l’exclamation d’Istvan. Les yeux ronds, bouche bée, je lui adressai un regard de merlin frit assommé par le crie qui tue. •3• Eh ben … si avec ça tu ne leur fais pas avoir une crise cardiaque, je ne comprends plus rien. •3• Notai-je à voix haute. •3• Hum. Fausse alerte. On sait jamais, quand même. Mais profitons-en pour bosser, du coup. Tu t’y connais en botanique ? •3• Je m’en sors mais ce n’est pas trop ma matière préférée. Et toi ? Tu la classes dans les matières supportées ou exécrées ? •3• Taquinai-je, large sourire aux lèvres. Ben quoi ? Ce n’est pas comme si Istvan donnait l’impression au quotidien que, dans son classement préférentiel des cours, il existait une autre catégorie.

Haussant les épaules comme pour clore la plaisanterie, j’enchaînai. •3• Mais dans l’ensemble, je m’en sors. Surtout concernant les plantes tropicales, en fait. Comme … elle ! •3• Détaillai-je, désignant d’un geste de la main le massif de fleurs visible un peu plus loin. Bon, d’accord, à première vue, ça ne faisait pas très très tropical. •3• C’est une pervenche de Madagascar. Elle a des vertus médicinales et, si tu lui lances un evanesco avant de la cueillir, ça enlève la sorte de … champ magnétique qu’elle constitue pour se protéger des fringales animales. Et on peut la cueillir sans souci. •3• Terminai-je avant d’illustrer mon propos. L’enchantement effectué, je m’approchai prudemment de la plante et cueillis quelques fleurs. C’est dans les étamines que se trouvait la substance nécessaire à l’onguent dans la recette duquel rentrait la pervenche de Madagascar. Enfin … s’il s’agissait bien là de la pervenche vu la coloration bleue qui s’étendait sur toute ma main, rampant sur mon bras alors que je brandissais les morceaux du végétal sous le nez d’Istvan. Qui avait dit « bourde » ?

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