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Dans un arbre à l’écart, quatre planches, un toit, deux sorcières … Un tableau atypique complété par deux balais posés dans un coin, une vague table, une réserve de vodka et de la nourriture pour meubler. L’heure ? Peu importait. Quand elles se retrouvaient, en général, elles oubliaient de compter. Leur seul tempo était celui de l’improvisation sur fond d’insolence, une dose d’insouciance par-dessus. ❖ Allez, encore une partie … ❖ Pria Sladka avec conviction. Quand Oks et Slad perdaient leur temps ensemble, il n’était pas rare que les cartes rythment l’écoulement des secondes mieux que n’importe quel métronome. Poker … Avec comme seul paiement en jeu, des verres de vodka. Si la louve tenait mal l’alcool, elle tendait en revanche très bien l’oreille. Et si Oks donnait bien le change au bluff, son cœur et ses battements démentaient pour elle.

Rassemblant les cartes d’un geste sec, Sladka les battit consciencieusement tout en fixant sa cousine. ❖ Quelle mise de départ, cette fois ? ❖ S’enquit-elle. Même si cela n’interférait pas trop dans le fil des pensées de la sixième année compte tenu du fait que c’était au perdant d’éponger sa dette en éclusant des verres. La Russe n’était néanmoins pas absolument certaine que sa technique de mise en échec du bluff soit efficace, purement et simplement parce qu’Oksana aurait pu s’arranger pour perdre afin d’ingurgiter un maximum de vodka. Et plus la jeune femme buvait, moins elle avait les idées claires et des chances de gagner, qui plus est. Il se faisait soif, malgré tout. ❖ Sinon, on fixe un nombre à boire le plus vite possible et pas à boire tout court. J’ai soif, là. ❖ Et, non, elle ne se vantait pas du tout de plumer allègrement sa cousine. Pas du tout. ❖ A moins qu’on ne mise de l’argent ? Mais je te promets de te laisser assez pour manger le reste de la semaine. ❖ Railla Sladka avec affection, un sourire malicieux étirant ses lèvres pâles.

Goûter à nouveau à cette complicité familiale, plus franche et appréciable que les relations qu'elle entretenait avec ses parents, était une bouffée d'air frais agréable. Les visages qu'elle connaissait bien et pouvaient prétendre à une réciproque étaient rares. Très rares. Sladka en avait pris son parti, indifférente plus que résignée. Mais un changement de régime ponctuel était plaisant afin de se reposer sur un îlot de réel, loin des faux-semblants. ❖ Maintenant que l'alcool fait effet, je peux poser la question en m'assurant qu'il n'y aura pas d'édulcorant : tu te plais ici ? ❖ Tu me surveilles ?, clamaient ses yeux avec malice. Oksana ne serait probablement pas assez grise pour être franche et ne plus la préserver tant elle était immunisée à la vodka mais bon ... autant s'essayer à la quête aux réponses.

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Les yeux posés sur un point enfoncé dans les ténèbres et le cerveau à l’arrêt, Oksana souriait d’un air idiot, songeant probablement à entreprendre du pole dance autour de l’arbre sur lequel elles s’étaient juchées ou à faire un charme à son balai pour qu’il la ramène automatiquement dans son lit … Ou vers le prochain bar.
▬ Allez, encore une partie … Pressa Sladka, la sortant de sa torpeur alcoolisée.
La Russe dévisagea sa cousine en louchant légèrement avant de déglutir et de se stabiliser à l’aide de ses deux mains. Non mais … Il lui était quasi impossible de lui refuser quoi que ce soit, elle était vraiment trop chou, pour une bouseuse. A part une fois par mois, quand le Grand Poilu prenait possession de son être, mais c’est une autre histoire et de toute façon ça n’avait pour l’instant rien à faire ici. D’ailleurs Oksana n’avait même pas pris son épilateur. Elle haussa les épaules pour signifier son consentement, comprenez que ça lui était relativement égal vu qu’elle perdait à peu près tout le temps. Pas que ça la dérange vraiment, mais au point où elle en était …
Fixant les mains de Sladka mélangeant les cartes, l’ex-Durmstrang lâcha un soupir, approuvant d’un hochement de tête l’initiative. Si elle avait eu les cartes en main ne serait-ce qu’une seconde, la soirée se serait probablement achevée bien vite, se changeant en chasse au trésor à travers les bois à la recherche de la carte perdue.
▬ Quelle mise de départ, cette fois ? S’enquit sa cousine, lui arrachant un nouvel haussement d’épaules. Sinon, on fixe un nombre à boire le plus vite possible et pas à boire tout court. J’ai soif, là. Hahaha, très drôle, moque-toi donc, Sladoudou.
Oksana secoua la tête pour évacuer la vodka débordant de ses oreilles et reprendre contenance – à vodka s’entend -. Tenir l’alcool n’avait jamais été un problème mais l’heure avancée n’aidait pas la Russe à tenir la distance après une journée passée à crapahuter autour de l’île pour avoir les meilleurs clichés des fleurs pendues aux falaises.
▬ A moins qu’on ne mise de l’argent ? Mais je te promets de te laisser assez pour manger le reste de la semaine.
▬ Hoooo, madame est trop bonne ! Railla la Russe en guise de réponse, Si j’ai plus rien à croquer je viendrais te dévorer dans ton sommeil. N’y voyez aucun sous-entendu volontaire quant à la nature de sa cousine, évidemment. Elle aimait sa cousine, lui vouait une affection inconditionnelle au mépris du temps, de la distance et du regard des autres. Il y avait elle, Sladka, les animaux , la vodka et les autres, ce ramassis d’idiots décérébrés qui ne méritaient pas vraiment son attention.
▬ Maintenant que l'alcool fait effet, je peux poser la question en m'assurant qu'il n'y aura pas d'édulcorant : tu te plais ici ? Interrogea Sladka tandis qu’Oks louchait sur les cartes distribuées.
Être loin de la petite Russe n’avait jamais empêché Oksana de veiller sur elle à distance, même au fin fond de la steppe ou depuis les profondeurs de la forêt amazonienne, elle avait toujours trouvé quelqu’un pour lui faire un rapport. Et globalement, elle savait que, quoi qu’il arrive, Durmstrang savait protéger ses étudiants. Mais à Elderwood les choses lui semblaient différentes.
La Russe tripota un instant le bord de ses cartes avant de relever son regard bleu et de le planter dans celui de sa cousine, espérant au passage très fort qu’il s’agisse de la bonne et non d’un double généré par un trop plein de vodka.
▬ Je n’aime pas ce que ton regard sous-entend, Sladoudou ! Lâcha la Russe, si tant est qu’un regard puisse sous-entendre … Tout est relatif, tu le sais bien, tenta-t-elle d’éluder après un léger soupir. Elle savait ce que Sladka voulait entendre, pas besoin d’être Einstein pour deviner qu’Oksana, la grande solitaire nomade incapable de tenir en place, s’était échouée sur l’île uniquement pour cette grande chose brune qui lui faisait face. Elle savait, mais ce n’était pas une raison pour lui donner satisfaction. De toute façon, elle le devinerait bien toute seule.
▬ Y’a du sable, c’est chiant, reprit la Russe en se mordillant la lèvre inféreure, et puis il fait beaucoup trop chaud, tout le temps par Odin, comment tu fais pour survivre depuis le début de l’année ? C’est toujours comme ça ? Ca change genre jamais ? Ses pupilles scrutèrent celles de Sladka quelques secondes et le visage d’Oksana se fendit du sourire bienheureux, mi-alcoolisé, mi-joker fou, de celle qui vient de faire la découverte du siècle.
▬ Mais toi, dis-moi, n’essaie pas de détourner la conversation sur moi, je me plais tant qu’il y a de la vodka. T’as un copain ? Tu te plais, ici ? Est-ce que t’as déjà fait des bisous à quelqu’un ? Que j’aille lui péter sa gue- lui faire des bisous aussi ! Le Est-ce que vous ferez plein de bébés loups-loups que je pourrais prendre en photooooooo ? resta cependant coincé dans sa gorge, cloisonné dans une partie de son esprit et il lui semblât que c’était aussi bien ainsi.
Oksana se resservit un énième verre de vodka avant d’en tendre un à Sladka. Même pas besoin de perdre pour boire, d’abord.
▬ Tu travailles bien ? T’es sage ? Oui bon, à part ça, elle n’était pas là pour surveiller. Du tout.

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Un signe de tête en guise d’assentiment, rien de plus, et une nouvelle partie s’amorça. Consciencieusement, Sladka abattit les cartes pour les mélanger convenablement et n’offrir aucune chance à la négligence de se muer en prétexte de ses victoires. Le seul responsable était un petit gêne inscrit dans son patrimoine qui lui offrait une prédisposition particulière pour percevoir avec netteté les accélérations cardiaques, les anormales perles de sueur ou simplement l’anxiété. A force, cependant, la soif se faisait sentir, les mises de leurs parties se basant sur un nombre de verres que le perdant ingurgitait. Et comme la Russe endossait le rôle inverse … Aussi avait-elle eu l’idée de basculer sur des montants en argent en promettant à sa cousine, non sans magnanimité, de ne pas la plumer au point qu’elle ne puisse plus picorer à sa faim pour la semaine à venir. ❖ Hoooo, madame est trop bonne ! ❖ Il y a un cœur sous cette armure. ❖ Répliqua-t-elle, théâtrale, en posant la main sur sa poitrine. ❖ Si j’ai plus rien à croquer je viendrais te dévorer dans ton sommeil. ❖ Tu ne connais pas l’étage auxquels sont nos quartiers, tu n’en as pas le mot de passe et, si tu l’avais, elle t’aiderait à l’oublier. ❖ Contra la sixième année avec humour en désignant la bouteille de vodka du menton. Sans compter qu’Oksana tituberait dans les escaliers au point de se tromper de dortoirs ou bien tomberait sur Elektra qui effectuerait gentiment la causette en sa compagnie jusqu’aux aurores.

Chacune en possession de son jeu de cartes, elles étaient autorisées à passer aux choses sérieuses, ainsi qu’aux questions sérieuses. Inutile de gruger la demoiselle, elle se doutait bien qu’Oksana ne venait pas ici uniquement pour des clichés. Sinon, elle aurait très bien pu y venir en juillet, après l’année scolaire, évitant ainsi la foule d’élèves en permanence dans les lieux, n’en déplaisent aux interdits récemment édictés. La preuve ce soir. ❖ Je n’aime pas ce que ton regard sous-entend, Sladoudou ! ❖ Il est bavard, excuse-le. ❖ Ironisa-t-elle, tandis que ce dernier soufflait un « venons-en aux faits » teinté de malice amusée. ❖ Tout est relatif, tu le sais bien. ❖ Arrête avec l’esbroufe, Oks, soyons sérieuses. ❖ Sourit largement Sladka, dévoilant ses canines luisantes avant de hocher la tête de droite à gauche, yeux levés au ciel. On ne pouvait nier que, même grise, sa cousine y voyait encore assez clair pour ne pas se perdre en route et oublier d’esquiver les embûches. ❖ Y’a du sable, c’est chiant et puis il fait beaucoup trop chaud, tout le temps par Odin, comment tu fais pour survivre depuis le début de l’année ? C’est toujours comme ça ? Ca change genre jamais ? ❖ Là, je te retrouve, rit la Russe, c’est bien la fournaise, ici, et, non, ça ne s’arrête pas, sauf quand il pleut, ce qui est assez appréciable. Mais ça change de la taïga, au moins. ❖ Comprenez par là que le dépaysement était supportable car il changeait radicalement de l’univers parental et donc du carcan d’insouciance dans lequel ses géniteurs s’étaient enfermés. Vivre autre chose, même d’une chaleur frôlant l’intolérable, quand cet « autre chose » coupait le cordon ombilical, Sladka ne disait pas non.

Observant sa main, la louve fut coupée dans sa récolte d’informations lorsqu’Oksana réalisa l’objectif premier de la manœuvre, bien que celui-ci n’ait été réellement camouflé que par les relents d’alcool et l’heure tardive. ❖ Mais toi, dis-moi, n’essaie pas de détourner la conversation sur moi, je me plais tant qu’il y a de la vodka. T’as un copain ? Tu te plais, ici ? Est-ce que t’as déjà fait des bisous à quelqu’un ? Que j’aille lui péter sa gue- lui faire des bisous aussi ! ❖ Ooooks …, soupira la Russe, ses épaules s’affaissant sous la rafale de questions, c’est un interrogatoire d’Auror ou tu as entamé un almanach ? ❖ S’enquit-elle avec ironie, attrapant le verre tendu par la jeune femme pour y plonger avidement ses lèvres. Ca faisait beaucoup de précisions à apporter d’un coup, quand même, surtout quand il n’y avait pas grand-chose à dire. Sladka prit une légère inspiration puis poursuivit. ❖ Je me plais bien, les forêts sont tranquilles, il y a beaucoup d’oiseaux à observer, aussi, ça occupe, exposa la sixième année, j’ai embrassé un veracrasse, sinon, je te le présenterai pour que vous fassiez … « plus ample connaissance ». ❖ Conclut-elle en un sourire. Certes, rien de cela n’était arrivé à moins qu’elle ne nomme ainsi l’inconnu dont elle avait capturé les lèvres à la Baie des Sirènes mais elle n’avait pas l’intention de procéder aux présentations, dans ce cas, ne comptant pas revoir ce jeune homme. Il y avait eu un choix à faire en matière d’allégeance et la décision s’était avérée toute tranchée.

Enfin, là n’était pas le sujet de ce soir, tant qu’elle ne le croisait pas fortuitement et qu’il ne tournait plus autour d’Ele. Jalouse ? Elle ? Si peu … ❖ Tu travailles bien ? T’es sage ? ❖ C’est la famille qui demande un rapport détaillé ou quoi ?, s’esclaffa-t-elle, buvant une nouvelle gorgée avec lenteur, espérant ainsi éviter que l’alcool ne lui monte directement à la tête, je ne ferais jamais rien qui puisse préjudicier Durmstrang, tu le sais bien. ❖ Ou du moins rien qui ne puisse être découvert et reconnu comme tel. Les infractions au couvre-feu étaient commises avec prudence, sa nature de lycanthrope l’aidant à repérer surveillants et obstacles avec une déconcertante facilité. ❖ Et toi ? Mariée avec ton appareil photo ? Ton élevage de pellicules est en bonne voie ? Je serai Marraine cette année ? ❖ Taquina-t-elle sciemment, n’ayant aucun scrupule à rentrer dans le même registre que sa cousine. « Qui aime bien châtie bien », après tout. ❖ La prochaine fois, il faudra prendre des jetons. ❖ Marmonna-t-elle pour elle-même en référence au poker, certaine que de tels repères seraient finalement plus fiables que les verres qui risquaient de devenir volatiles au fil de la soirée.

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Sans réfléchir, Oksana portait désormais machinalement un verre à demi-rempli à ses lèvres, tachant éventuellement de ne pas manquer sa bouche, histoire d’entretenir encore un brin l’illusion que non non noooon, elle n’était pas bourrée du to- Oh tiens, un éléphant rose ! tandis que la partie se déroulait doucement, mais déjà beaucoup trop vite pour notre Russe. Et comme il fallait faire la conversation en même temps, ça ne lui facilitait pas la tache du tout.
▬ Il y a un cœur sous cette armure. Répondit Sladka du tac au tac, accentuant sa terrible impression d’être complètement à la masse, d’autant plus que l’espace de quelques microsecondes, elle chercha la véritable armure ou un chevalier planqué quelque part dans l’obscurité. Un léger mouvement erratique de la tête et elle reprenait un minimum de contenance pour embrayer sur ce qu’il lui restait d’idées.
▬ Tu ne connais pas l’étage auxquels sont nos quartiers, tu n’en as pas le mot de passe et, si tu l’avais, elle t’aiderait à l’oublier. Lui opposa sa cousine, faisant soupirer la photographe. Oui bon. Ok. Pas faux. Pas faux du tout, même. La Sladoudou était décidemment une espèce fort perspicace qui connaissait par cœur l’Oksana et ne se privait pas pour le lui rappeler constamment.
▬ Oui bon ben ça va. Concéda-t-elle en faisant mine de bouder avant d’empoigner la bouteille pour remplir son verre dont le contenu avait déjà « mystérieusement » disparu. Le coupable présumé étant une femme brune, assez élancée criant « VODKA » pour tout et rien. Merci de contacter Mademoiselle Dostoïevski si vous l’apercevez.
Oksana considéra un instant son jeu avant d’enchaîner et de récupérer un minimum de lucidité pour pouvoir répondre aux questions de sa cousine et cracher un peu sur cette île manifestement maudite.
▬ Là, je te retrouve, c’est bien la fournaise, ici, et, non, ça ne s’arrête pas, sauf quand il pleut, ce qui est assez appréciable. Mais ça change de la taïga, au moins. La photographe grimaça. Ca pour changer… Ca changeait. Mais ça n’était pas tant la chaleur et le sable qui lui déplaisait, pour voyager aux quatre coins du globe, Oksana était partout chez elle. Ou chez elle nulle-part, selon les versions. De là à avouer que Nameless lui plaisait, ce serait mentir. Puis bon, elle était juste là pour Slad… Wait… L’information et la fourberie de sa gueuse de cousine poilue se frayèrent un chemin lent et sûr à travers la brume épaisse qui encombrait son cerveau et la Russe posa un regard torve sur l’adolescente avant d’esquisser le sourire le plus idiot du monde.
La vile ! Elle lui tirait les vers du nez et elle n’avait rien vu venir, rien compris, rien soupçonné ! En même temps, il n’y avait guère que la Vodka qui parlait à Oksana dans ce genre de situations.
▬ Ooooks … c’est un interrogatoire d’Auror ou tu as entamé un almanach ? Soupira la Durmstrang, lui arrachant un nouveau sourire stupide. Elle était trop chou quand elle soupirait. Et rien que pour ça, Oks allait encore l’inonder de question, histoire de vérifier si c’était toujours aussi mignon la deuxième fois.
▬ C’est un interrogatoire Tiomnievna ! Et tu ferais mieux de te mettre à table au plus vite ! Fit-elle en fronçant les sourcils pour se donner l’air passablement sévère, la vodka se diluant lentement dans son système sanguin jusqu’à lui rentre une sobriété relative (et surtout éphémère, ce verre plein n’allait pas se vider tout seul …). Tu sais que j’ai toujours eu une partie de mon cœur chez les Volks. Et je ne parle pas des mecs que j’ai amenés dans mon lit. M’enfin, j’vois pas ce qu’un calendrier vient faire dans cette histoire. Pourquoi ? Tu veux poser pour moi ? Promis si tu dois le faire nue jte tresse un pagne ! Oui bon, fallait pas trop en demander non plus.
▬ Je me plais bien, les forêts sont tranquilles, il y a beaucoup d’oiseaux à observer, aussi, ça occupe. Oksana roula des yeux d’un air excédé. Non mais … Franchement … Qu’est-ce qu’elle allait bien pouvoir faire de cette petite chose chiante ? Discrètement, la Russe minauda d’un air niais.
▬ J’adore les oiseaux, gnagnagna, c’est tout tranquille et après je ferais du tricot et si j’ai le temps, du macramé. Bordel, Slad’ !
▬ J’ai embrassé un HAAAA ! Un garçon ! Voilà qui était inté-… veracrasse, -…ressant … Sinon, je te le présenterai pour que vous fassiez … « plus ample connaissance ». Oksana vida son verre d’un trait histoire d’oublier l’image particulièrement affreuse qui s’était imposée dans son esprit ainsi que les futurs bébés qu’ils auraient pu faire, type véracrasse-garou. Ew. Ou mi-véracrasse mi-loup. Méga ew. La Russe n’était pas sûre que le capital mignonitude de sa cousine survive à un mélange aussi peu ragoûtant. Elle dévisagea un instant l’adolescente puis laissa retomber son verre sur le plancher.
▬ Non ça va, tu lui feras genre… un signe de la main de ma part. Mais de loin. Remplissage de verre en fourbe. Genre très loin. Insista la photographe avant d’embrayer à la hâte sur autre chose.
▬ C’est la famille qui demande un rapport détaillé ou quoi ? Si le rire n’avait pas accompagné l’assertion, Oksana en aurait probablement grincé des dents. La famille, pour l’attention qu’elle leur portait, franchement … Entre celle de Sladoudou qui planait à dix milles en mangeant des tulipes pour vivre bio et celle d’Oksana qui persistait à faire comme elle avait toujours fait. C'est-à-dire rien. Mais avec talent. Elles étaient vernies. Encore une fois, Oks ne détestait pas la dynastie Dostoïevski mais la réciproque n’était pas forcément vraie. Disons qu’ils avaient instauré une sorte de statu quo, l’indifférence régnant en maître et il n’y avait guère qu’un peu de famille proche pour lui envoyer des beuglantes au fin fond de la jungle.
Bref. De toute façon Oksana était de la famille. Oksana demandait un rapport détaillé quoi qu’il arrive. CQFD.
▬ Je ne ferais jamais rien qui puisse préjudicier Durmstrang, tu le sais bien. Poursuivit sa cousine après avoir siroté sa vodka comme la dernière des tapettes *out*
▬ Je le sais bien. Tu fais rien du tout t’façon … Rooooh ! Ca va, j’déconne ! Te fais pas choper, c’est tout, mémé Sladka ! Lança la Russe avant d’être contrée par une attaque dévastatrice de mémé, +5 de bonus en dégât d’alcool.
▬ Et toi ? Mariée avec ton appareil photo ? Ton élevage de pellicules est en bonne voie ? Je serai Marraine cette année ? *PAN ! HEADSHOT !* Oksana fixa intensément le fond de son verre de nouveau empli par le liquide translucide, s’enivrant seulement de ses effluves avant qu’il n’aille à l’encontre de ses lèvres. Touchée. Sladka tirait peu, mais visait juste, de toute évidence. Un instant de silence flotta, brisé par la Durmstrang sans que la Russe n’ait encore trouvé quoi que ce soit d’autre à répondre que :
▬ Quoi ? T’es chez les Volks ?
▬ La prochaine fois, il faudra prendre des jetons.
▬ Ha non non ! Vodka c’est bien ! S’empressa de déclarer la photographe avant de saisir de la bouteille. Et oui, mon appareil et moi vivons la pluuus belle histoire d’amour qui soit. Je suis en retard dans mes règles, je pense que c’est pour bientôt. Comment je devrais l’appeler tu crois ? Kodak ? Naaaan bien trop commun !
Elle s’affala sur le plancher en tentant de s’appuyer sur un mur invisible – forcément, dans les arbres… Un mur, ça courait pas la forêt – puis se redressa, étirant doucement bras et jambes engourdies par une position inconfortable. Puis c’était pas tout, mais ce genre de truc de contorsionniste, c’était plus trop de son âge –haha, joke.-. Une goulée de potion dégrisante et l’aspirateur à Vodka était relancé.
▬ Et siiiii je l’appelais Sladka ? Non, jrigole, c’est trop nul. Pressée d’être marraine Sladoudou ? Non parce que moi jsuis pas pressée d’être mère alors forcément, il y a incompatibilité. Poursuivit-elle en se rasseyant avec plus d’assurance avant de dévoiler ses cartes en prenant garde d’éviter tout renversement de vodka malheureux. Au fait, Full aux dames par les dix. Dis-moi si tu fais mieux, Sladoudou !
En attendant que sa cousine se décide à poser son jeu, Oksana planta ses prunelles bleues dans les siennes.
▬ Et tes amies, les Esfir et compagnie, j’espère qu’elles s’occupent de toi ? Quoi ? UU Rien de mal à s’assurer qu’en son absence, quelqu’un prenait soin de la petite chose poilue qu’était sa Sladoudou UU.