Philippine. Pour l'infirmier, ce prénom résonnait comme une énigme. Elle aimait discuter avec lui mais toutes tentatives de charme se voyait éconduire avec, certes, tact et même de savantes tactiques, mais laissant toujours planer dans l'air l'idée qu'un jour, il finirait par faire mouche, qui faisait qu'il continuait malgré tout son manège habituel. La raison du pourquoi il la voulait dans ses bras ? Faut-il un raison à Fedor Lvivnyr ? Et bien, figurez-vous, qu'avec elle, il en avait bien plus qu'une. Assurément jolie, avec une conversation fournie, un rire qu'il aimait entendre, le charme à l'européenne, ni plus ni moins. Une femme cultivée, sympathique et qu'il savait valoir d'être connue plus en profondeur - sans mauvais jeux de mots ni pensées salaces, évidemment! Alors, à chacune de ses visites, il faisait son numéro en plus de la débarrasser de ses migraines. Quel homme, n'est-ce pas ? Et puis, il avait une sacrée tchatche, même si... Elle allait finir par lui clouer le bec! ♦♦♦ Te nourrir en ma compagnie ne te tente toujours pas ? Ce matin j'avais pensé aller faire un pique-nique sur la plage, c'est tellement agréable et, bon, j'aime bien discuter avec les crabes, c'est pas un problème, mais... avait-il commencé à déblatérer en rangeant ses sachets de plantes dans sa sacoche sans la regarder, s'attendant à ce que comme d'habitude, elle le plante sur un merci et un bonne soirée sans prêter attention à son habituel baratin avec rencard à la clé. ♦♦♦ Faisons ça. ♦♦♦ Fedor s'était interrompu dans son discours qu'il avait inventé d'un bout à l'autre et ses prunelles s'étaient figés sur sa patiente l'air de dire "Hein ? T'as pris un coup sur la tête ?" Ben, heu, normalement elle riait à peine à ses allusions charmeuses alors accepter une de ses invitations, c'était... Wow ! Un changement parmi les plus radicaux et, ouais, ça l'avait déstabilisé. Il s'était cependant vite repris et lui avait lancé un "A ce soir !" enjoué lorsqu'elle s'était éclipsée. Puis, le soir était venu et, à présent, il descendait la belle avenue des palmiers en sa tout à fait charmante compagnie, tenant la carte entre ses petites mains tandis que Fedor essayait de tenir la conversation en ayant une oreille concentrée sur ses paroles tout en cherchant à dénicher l'endroit parfait les yeux baissés sur les rues et ruelles de la pittoresque île marchande. ♦♦♦ Je me demandais d’ailleurs s’il y avait moyen de calmer plus rapidement les migraines après une transformation sous forme animale, si les calmants avaient une action plus rapide ou si … oh pardon. Hm, donc, une préférence ? s'interrompit-elle alors qu'il lui sourit, elle avait changé de sujet en pleine discussion du lieu où ils se rendraient mais cela ne l'avait finalement pas dérange, comme s'il allait manquer une occasion de l'épater avec son domaine d'expertise ! ♦♦♦ Mmh... Boire régulièrement des tisanes aux plantes apaise, cela évite aussi la récurrence des migraines, du moins, tant qu'elles sont légères, car les fortes ne disparaissent pas sans calmants plus puissants. Exposa-t-il très simplement avant que son sourire ne se fasse un peu plus espiègle. Les massages crânien sont efficaces aussi... Et pour répondre à ton autre question, peut être qu'on pourrait tout simplement prendre quelques douceurs à emporter au Dulce ? J'étais sérieux quand j'ai dit que j'adorais les pique-niques ! Bon, si on s'y était pris plus tôt, j'aurais cuisiné pour toi, ç'aurait été définitivement plus raffiné, mais réservons donc la prévoyance pour la prochaine fois. ♦♦♦ Oui oui, il avait déjà décrété qu'il y en aurait une et même qu'il la planifierait ensemble à la fin de celle-ci. Comment ça, il était trop sûr de lui ? Voyons... C'était si évident ? Mais un Fedor prenant le temps de douter n'aurait certainement pas été aussi réputé, ne croyez-vous pas ? ♦♦♦ L'imprévu et l'improvisation ne te dérangent pas trop, j'espère ? s'enquit-il par courtoisie avant d'ajouter avec sa toujours aussi nette assurance. En tous cas, ne t'en fais pas, dans ce domaine aussi, je suis expert. ♦♦♦ Un sourire tranquille trônait sur son visage auquel s'ajouta un clin d'oeil. Pas d'inquiétude pour ça, il savait mener le bal et même en danser bien plus d'une..!

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Les habitudes étaient un long fil strictement tendu qui guidait l’existence avec régularité. Sa raideur garantissait la linéarité de la vie et réduisait fortement les chances d’apporter un peu de ressort au quotidien. Toutefois, y imprimer une légère secousse causait une succession de vibrations pour le moins intéressantes, modifiant ainsi le rythme initial. oOo Te nourrir en ma compagnie ne te tente toujours pas ? Ce matin j'avais pensé aller faire un pique-nique sur la plage, c'est tellement agréable et, bon, j'aime bien discuter avec les crabes, c'est pas un problème, mais... oOo Un léger sourire, un instant de réflexion et vint ensuite la réponse, à l’opposé des précédentes. C’était elle, la pression sur le fil, la secousse légère qui impulserait un mouvement autre qui, s’il surprit Fedor, ne le désarçonna qu’un bref instant. oOo A ce soir ! oOo Je tenterai de penser à inviter un crabe ! oOo Rit-elle, tant parce que la boutade lui était venue naturellement aux lèvres que car l’envie de dissiper le malaise qu’elle imaginait toute seule à la réaction interloquée de Fedor.

Ainsi, le soir était venu et avec lui l’heure du rendez-vous. Ils avaient délaissé Elderwood pour rejoindre l’Île Marchande, l’Avenue des Palmiers en particulier. S’ils cherchaient tous les deux quelle était la meilleure adresse à élire, Philippine ne put s’empêcher de dériver sur d’autres sujets annexes dont le rapport avec le principal s’avéraient extrêmement ténus, voire inexistant. oOo Mmh... Boire régulièrement des tisanes aux plantes apaise, cela évite aussi la récurrence des migraines, du moins, tant qu'elles sont légères, car les fortes ne disparaissent pas sans calmants plus puissants. oOo Tisanes ?, répéta-t-elle en fronçant le nez, tu as une astuce pour qu’on goûte plus l’infusion que l’eau elle-même ? oOo Plaisanta-t-elle, sourire malicieux aux lèvres. Elle avait le thé en horreur et pas parce qu’elle avait toujours entretenu un rapport conflictuel avec l’Angleterre mais bien parce que pareil breuvage n’avait pour ses papilles que la saveur d’une eau vaguement aromatisée. oOo Les massages crâniens sont efficaces aussi... Et pour répondre à ton autre question, peut-être qu'on pourrait tout simplement prendre quelques douceurs à emporter au Dulce ? J'étais sérieux quand j'ai dit que j'adorais les pique-niques ! Bon, si on s'y était pris plus tôt, j'aurais cuisiné pour toi, ç'aurait été définitivement plus raffiné, mais réservons donc la prévoyance pour la prochaine fois. oOo Et jamais deux sans trois, hein ? oOo S’entendit-elle répondre, moue amusée aux lèvres, certaine qu’elle était que Fedor formulerait pareille remarque. Non pas qu’il était prévisible mais Philippine avait comme manie d’imaginer chaque réplique à l’avance, de tracer dans son esprit les scénarios envisageables avant qu’ils ne se jouent réellement. oOo Je suis en tout cas partante pour le Dulce. oOo Approuva-t-elle avant de jeter un regard circulaire afin de repérer le chemin à suivre ; son sens de l’orientation était quand même meilleur sous forme animale.

Dirigeant son pas vers la boutique, l’ancienne Serdaigle écoutait l’infirmer qui poursuivait. oOo L'imprévu et l'improvisation ne te dérangent pas trop, j'espère ? oOo Je suis une sale adepte de l’excès de planification, avoua-t-elle avec un sourire d’excuse, mordillant quelques secondes sa lèvre, mais je peux faire un effort. oOo Tempéra la jeune femme. Oh, elle était sincère, autant qu’elle était sincèrement embêtée d’être si casanière et si rigoriste, parfois. Une légère couleur rouge farda d’ailleurs ses joues mais elle prit grand soin d’éviter à son cerveau d’enregistrer cette impression qu’elle avait cru déceler. « Ce qu’on ne voit pas n’existe pas », en gros. oOo En tous cas, ne t'en fais pas, dans ce domaine aussi, je suis expert. oOo Comme pour les massages crâniens, j’imagine ? Un jour, il va falloir que tu me montres ce CV long comme le bras, quand même. oOo Répliqua-t-elle avec humour. Ce genre de piques amicales étaient sa meilleure technique pour titiller gentiment tandis qu’elle retombait elle-même sur ses pattes. oOo A moins que ça ne soit une surprise ? Une ligne par jour et la suite au prochain épisode ? oOo Enchaîna-t-elle. Si l’on voulait vraiment rester dans le domaine de la surprise, ça se tenait déjà plus.

oOo Quelqu’un en manque d’appétit ne le resterait pas bien longtemps dans les parages du Dulce. oOo Constata la thésarde à l’approche de la boutique. Les effluves qui embaumaient l’air attisaient la faim comme le meilleur des combustibles. Pour une gourmande, c’eut été même un supplice si l’assurance d’y goûter au bout du compte n’était pas garantie. oOo Après toi ? oOo Sourit-elle en poussant la porte. Oui, la galanterie aurait voulu que … Mais Philippine n’était pas femme à se souvenir de ce genre de choses, agissant d’après des règles de bienséance revues inconsciemment à sa sauce.

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Carte en mains alors que c'était de notoriété publique qu'il n'y avait que peu de boutiques sur l'île marchande et que celles-ci ne comptaient qu'un bar, une pâtisserie et la popote du camping où trouver de quoi se remplir l'estomac, Fedor jouait les leaders en menant leur duo de ruelle en ruelle. Mais, au fond, il aurait dû savoir qu'il ne menait rien du tout, en tout cas, pas la conversation, et c'était effectivement lui qui suivrait Philippine où elle voudrait se rendre et pas l'inverse, règles de politesse oblige. Il la laissait donc l'emmener d'un sujet à l'autre sans broncher, sautant habilement du dîner à la médecine en passant par sa tant vantée spontanéité. ♦♦♦ Tisanes ? Tu as une astuce pour qu’on goûte plus l’infusion que l’eau elle-même ? Lui demanda-t-elle, l'air sceptique, alors qu'il répondit avec malice. Te pincer le nez en buvant ? Ou bien ajouter du miel ? ♦♦♦ Fedor, homme très polyvalent, avait une solution pour tout. Certes, le plus souvent, il les inventait sur le tas, mais jamais il ne restait sans réponse quand une question lui était posée. Appeler ça de la tchatche si vous voulez, toujours est-il qu'en sa compagnie, il n'y avait aucun sujet de discussion que l'on décrétait ennuyeux. Même un cours sur les ogres - pardon Basile - conté par Fedor Lvinyr aurait réussi à tenir les élèves éveillés, motivés et intéressés. Après, de là à ce qu'ils puissent replacer ses dires loufoques dans leurs parchemins... C'était une autre histoire ! Mais je m'égare. Ce que j'essayais de vous dire c'est que rien n'arrête un Fedor et qu'on s'en lasse difficilement. Vantardises, vous dîtes ? Combien vous pariez que Philippine voudrait réitérer après ce premier rendez-vous ? ♦♦♦ Et jamais deux sans trois, hein ? Je suis en tout cas partante pour le Dulce. Acquiesça-t-elle pour son plus grand plaisir alors qu'ils bifurquaient vers la maison de Julia, le beau Fedor sifflotant entre deux réponses à peine flatteuses pour lui. Je suis une sale adepte de l’excès de planification, mais je peux faire un effort. Consentit sa comparse, ce qui lui tira un grand sourire victorieux. ♦♦♦ Mr TrèsTrèsSpontané venait encore de marquer un point ! C'était ça, d'être un homme si talentueux... ♦♦♦ Comme pour les massages crâniens, j’imagine ? Un jour, il va falloir que tu me montres ce CV long comme le bras, quand même. A moins que ça ne soit une surprise ? Une ligne par jour et la suite au prochain épisode ? Le railla-t-elle alors qu'il fit mine de ralentir le pas pour répondre, la regardant droit dans les prunelles pour donner plus d'effet à ses paroles. Crois-le ou non, mais je suis encore plus impressionnant en personne que sur le papier. A ce qu'on dit, des actes valent plus que des mots ! Lança-t-il, toujours pas près à s'étouffer avec sa modestie. D'ailleurs, on dit aussi qu'entretenir le mystère augmente nos chances de moitié... ♦♦♦ Trop sûr de lui ? Trop direct ? Oh, elle savait exactement qu'il ne l'avait pas invité depuis des lustres pour jouer les potiches, échanger trois mots, se serrer la main et repartir chacun de son côté. On invitait une femme à dîner en tête à tête pour deux choses : les affaires ou le plaisir. Elle était thésarde, lui infirmier. Doit-on vous faire un dessin ? Nul besoin. Et la brunette était largement assez intelligente pour s'en passer également. ♦♦♦ Quelqu’un en manque d’appétit ne le resterait pas bien longtemps dans les parages du Dulce. Après toi ? Engagea-t-elle en lui ouvrant la porte. Merci bien. Surtout pour ceux, comme moi, qui sauteraient volontiers le plat pour le désert. ♦♦♦ Il eut un sourire amusé et lui passa devant sans retourner la galanterie pensant que, décidément, cette nana là était un cas à part. Le romantisme ici ne mènerait à rien, il l'avait compris depuis bien longtemps. La subtilité ? Très peu pour lui... Se frayant un chemin jusqu'au comptoir, il salua l'hôte des lieux d'une amusante petite révérence en sortant quelques gallions et mornilles de sa poche pour passer commande sans attendre. Y aller par quatre chemins, c'était pas le genre du coco, non plus. Essayer de reprendre les rennes et de conserver le port de la culotte dans leur "couple", par contre, si. ♦♦♦ Holà guapa, nous servirais-tu un panier de douceurs arrosé d'un pichet de Bierraubeurre à la cerise ? Ce sera tout, à moins que ma belle ait quelques exigences supplémentaires ? ♦♦♦ S'il s'attendait à la voir s'avancer et reprendre le lead ? Elle pouvait s'y essayer. Depuis leur rencontre, il n'avait cessé de passer de main en main. Et puis, c'était toujours plus agréable qu'une suiveuse muette juste bonne à rire à ses plaisanteries et battre des cils, ne croyez-vous pas ?

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Des promenades agréables aux repas pour les parachever, le fil rouge restait imparablement logique. Le détour par les médecines et la migraine appartenait à un de ces itinéraires plus tordus que Philippine empruntait sans même en avoir particulièrement conscience, du moins tant que la phrase n’était pas énoncée. Enfin, s’il y avait des règles intangibles en matière de conversation qui cloisonnaient chaque intervention dans des routes étriquées, l’art oratoire perdrait tout son charme, non ? oOo Te pincer le nez en buvant ? Ou bien ajouter du miel ? oOo Et si on est difficile au point de ne pas aimer le miel ? oOo Rétorqua-t-elle non sans malice. Oui, en matière de nourriture et de boisson, l’ancienne Serdaigle s’avérait parfois bien mauvais public ou, à tout le moins, public trop exigeant. Aussi le miel ne trouvait-il grâce à ses yeux quand très petites doses, vous l’aurez rapidement compris …

Marchant toujours vers le Dulce, la sorcière poursuivait ce petit jeu de taquineries, titillant sans vergogne Fedor et son curriculum vitae. Qui aime bien, châtie bien, n’est-ce pas ? Puis il était bien trop simple de gratifier les gens de compliments en face à face, on frôlait trop vite dans la flagornerie. Tout était dans le choix des gestes qui rendaient concrets des valeurs comme l’estime, le respect ou la loyauté qu’on éprouvait pour quelqu’un. Le direct convenait mieux à la boutade et aux chamailleries bon enfant. oOo Crois-le ou non, mais je suis encore plus impressionnant en personne que sur le papier. A ce qu'on dit, des actes valent plus que des mots ! oOo Exact mais que fais-tu du dicton « verba volant, scripta manent » qui confèrerait à l’écrit une force probante particulière ? Sans compter qu’on dit aussi qu’un dessin vaut mieux qu’un long discours, également. Alors comment combiner tout ça, hein ? Est-ce que les actes sont équivalents aux mots dans ces assertions ? Une idée ? oOo Exposa la jeune femme d’un ton docte bien qu’amusé. Oui, on le sentait le côté Serdaigle qui apprécie jouer sur les mots, danser sur les concepts et concilier l’inconciliable. Tout comme on sentait la politicienne flirtant avec le sophisme, ou la juriste revoyant les concepts légaux à sa sauce mais, je vous le disais, là était tout l’art oratoire, non ? oOo D'ailleurs, on dit aussi qu'entretenir le mystère augmente nos chances de moitié ... oOo Ca, ce sont des contes de bonne femme, répliqua-t-elle du tac-au-tac, des préceptes à deux noises qui sont indignes de toi. oOo Finit-elle, concluant sa remarque par une légère pichenette sur l’épaule de l’infirmier. Allez, vraiment, cette phrase … Ca avait la formulation du Sorcière hebdo, pour ce qu’elle connaissait de ce machin. Franchement, ça avait le parfum des théories sentimentales fumeuses qu’on rabâche dans le vent aux jeunes filles énamourées et Fedor y gagnerait s’il restait sourd à pareilles affirmations. A moins que ça ne soit Philippine qui soit tout simplement tellement fermée à ces choses-là qu’elle avait pris l’habitude de se montrer excessivement cartésienne et sceptique en la matière. Ou extrêmement nulle dans le domaine, aussi.

Heureusement qu’elle se rattrapait en matière de nourriture, hein. Les sucreries et elle, c’était une histoire nettement plus durable que toutes les finales niaiseuses de romans à l’eau de rose. Oui, elle aussi, elle pouvait fièrement clamer que « les friandises et elle vécurent heureuses jusqu’à la fin des temps et elles eurent plein de petites carries ». oOo Merci bien. Surtout pour ceux, comme moi, qui sauteraient volontiers le plat pour le désert. oOo Toi aussi ? Le chocolat est définitivement une valeur sûre, je n’en démordrai pas, affirma-t-elle, mais je le mordrai bien ! oOo Plaisanta-t-elle tandis qu’ils rentraient dans le Paradis du Palais. oOo Holà guapa, nous servirais-tu un panier de douceurs arrosé d'un pichet de Bierraubeurre à la cerise ? Ce sera tout, à moins que ma belle ait quelques exigences supplémentaires ? oOo Elle, je ne sais pas, entama-t-elle, lançant un regard espiègle au jeune homme, air de défi à l’appui, mais moi je suis pour une double ration de Fondants du Chaudron et de Couinesouris, pria-t-elle, ma gourmandise me perdra. oOo Grand sourire, clin d’œil et air malicieux de rigueur, il était clair qu’elle avait pris le parti de jouer à la plus maligne, son habituelle réserve l’entraînant dans les contrées des boutades à trois mornilles et des remarques stupides. oOo Ca me rappelle mes visites à Honeydukes, ce qui, en théorie, ne me rajeunit pas mais quand on a encore l’impression que c’était hier … oOo Ca ne pèse plus sur la balance ! Et, non, vous ne rêviez pas, l’éternelle mélancolico-nostalgique n’avait pas pu résister vingt secondes avant de déjà faire allusion à son passé qui, en réalité, n’avait jamais quitté son présent.

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Fedor le Grand entamant une énième conquête, voilà qui ne méritait guère d'entrer dans les annales tant c'était habituel. La chose qui l'était davantage était cependant l'identité de celle-ci qu'il n'avait jamais osé sérieusement songé comme parmi celles pouvant potentiellement tomber dans ses bras. Car oui, elle était différente. Elle n'avait pas craqué pour lui au premier regard, elle n'avait pas joué avec lui au chat et à la souris jusqu'à finalement lui céder, elle n'avait jamais montré le moindre signe d’intérêt, en vérité. Certes, il avait joué de son charme sur elle comme sur toutes les autres dès les prémices de leur relation, c'était sa signature, le regard profond assorti à son air cabotin. Ah, le jour où il épuiserait sa réserve de "sourires ultrabright", sa vie serait d'un ennui mortel..! Mais, donc, il était loin d'en être arrivé là. Il lui en avait décoché des dizaines avant que finalement, alors qu'il n'y songeait même plus, qu'il ne l'invitait à dîner que par automatisme, elle accepte. Alors certes, ce n'était guère notable qu'il soit de sorti avec une demoiselle à son bras, mais qu'il ait réussi à plaire à Philippine de la Plume était un tout autre exploit. Surtout qu'elle n'avait pas d'autres passions connues que le droit magique... et semblait avoir des goûts on ne peut plus particuliers ! ♦♦♦ Et si on est difficile au point de ne pas aimer le miel ? Il te reste toujours le pincement de nez. Réitéra-t-il, amusé. ♦♦♦ Voilà, Philippine faisait partie des difficiles. Pour lui, ce dîner en sa compagnie était une première et réussir à lui plaire un challenge. Face à une demoiselle dans son genre, il avançait à l'aveugle. Il n'avait pas la moindre idée de quel côté de sa personnalité pouvait bien attiser son envie de le côtoyer mais il était sûr que ce n'était pas celles de d'habitude : ses yeux profondément bleus, ses lèvres rarement closes, ses grandes mains, son torse dessiné sous son t shirt, son fessier des plus fermes... Il pouvait dire sans l'ombre d'un doute qu'elle n'en avait pas après l'emballage. Elle ne jugeait pas un livre à sa couverture. Il lui fallait donc faire preuve d'ingéniosité, d'intelligence, de classe. Son appréciation ou son contraire se mesurerait en paroles et actes à l'issue de leur tête à tête. ♦♦♦ Exact mais que fais-tu du dicton « verba volant, scripta manent » qui confèrerait à l’écrit une force probante particulière ? Sans compter qu’on dit aussi qu’un dessin vaut mieux qu’un long discours, également. Alors comment combiner tout ça, hein ? Est-ce que les actes sont équivalents aux mots dans ces assertions ? Une idée ? Le reprit-elle, dans un discours savant qui l'impressionna et auquel il répondit par un rire à défaut d'une phrase plus érudite encore. Je dessine très mal et les écrits sur ma personne sont des plus ennuyeux, pourtant je suis sûr que je serais un héros de roman des plus fringants ! Quant à mes palpitants exploits relatés dans mon dossier scolaire, j'espère qu'ils ont été égarés, leur publication serait un profond embarras, mais nous dirons pour ma défense qu'il y a prescription... ♦♦♦ Bon, avec des traits d'humour et une référence au droit, il s'en sortait comment ? Pas trop mal, si ? Jusque là, il n'était pas trop complexé par son évidente infériorité QIesque. Il ne se laissait donc pas intimider. Enfin, pas trop, car les formules en latins citées sans effort au milieu d'une phrase ça lui embouchait quand même sérieusement en coin ! Enfin, disons qu'il excellait dans d'autres domaines qui rattrapaient, comme la séduction, la connaissance des désirs des femmes... A moins que ce ne soit particulièrement risible ? ♦♦♦ Ça, ce sont des contes de bonne femme, des préceptes à deux noises qui sont indignes de toi. Rétorqua-t-elle à l'une de ses insinuations légèrement graveleuses, avec une tape sur l'épaule. ♦♦♦ D'accord, non, ça ne rattrapait pas-du-tout. En fait, ces piques sensés être charmeuses tombaient même à plat... Pourtant, sauter le plat pour le dessert, c'était passablement usité même par les bibliothécaires, non ? Ou peut être qu'Eterna lui donnait une fausse image de la profession ... ... ... Oui, sans nul doute. ♦♦♦ Toi aussi ? Le chocolat est définitivement une valeur sûre, je n’en démordrai pas, mais je le mordrai bien ! Rebondit-elle sur ses propos alors qu'il passait commande, l'affublant d'un "ma belle" qui lui aussi termina aux oubliettes. Elle, je ne sais pas, mais moi je suis pour une double ration de Fondants du Chaudron et de Couinesouris, ma gourmandise me perdra. ♦♦♦ Enfin, là, c'était plutôt lui qui était en train de perdre, puisqu'il n'avait sans doute pas marqué un seul point depuis un bon quart d'heure mais semblait régresser. Ah, par Thor, que c'était difficile d'être à la hauteur ! Il n'avait pas du tout l'habitude de douter de son jeu et cela le déstabilisait. Au moins, il était assez gentleman pour régler l'addition dans un sourire et porter leurs provisions... C'était déjà pas mal, non ? Rien d'intellectuel, certes, mais ce terrain là, il l'en laissait maître sans se faire prier...

Ressortant de la boutique, il lui tint la porte avec son épaule pour la laisser passer devant, revenant ensuite à sa hauteur. Les bras chargés de douceurs, il ne put s'empêcher une autre remarque de son cru même s'il ne doutait pas qu'elle soit aussi creuses que les précédentes. ♦♦♦ Je ne te savais pas si gourmande, ta taille fine est un sacré trompe l'oeil... ♦♦♦ Une objection contre le compliment déguisé ? Enfin, déguisé... Comme si ses intentions n'étaient pas des plus claires depuis le tout départ ! Allez, une dernière pour la route, et promis, après, il était sage. ... Du moins, il essayerait. ♦♦♦ Cela dit, l'avenir appartient aux gourmands ! Si on ne profitait pas des bonnes choses de la vie, ce serait vraiment du gâchis. ♦♦♦ Des sous-entendus ? Vous m'en direz tant ! Avec un sourire séduisant en prime et c'était reparti pour un tour.

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Compliquée, elle l’était. Pas par simple plaisir ou pour se donner un genre, non non. Philippine l’était de nature. Ne voyez là aucun raffinement ni valeur ajoutée, sa complexité relevait davantage de l’incongruité ou de la capacité intrinsèque de rendre tout choix cornélien. Mortellement prise de tête, je vous le concède. Ca n’enlevait toutefois rien au constat qu’elle n’aimait pas le thé. Ni le miel. Et encore moins les deux ensemble. oOo Il te reste toujours le pincement de nez. oOo L’ingestion de thé, le petit doigt d’une main levé et le pouce et l’index de l’autre pour pincer les narines, je suis persuadée que cela peut constituer un sport de haut vol. oOo Plaisanta l’ancienne Serdaigle tandis qu’elle se prenait à mimer la scène en feignant un parfait air d’aristocrate guindé.

La voilà qui se perdait ensuite en comparaisons biscornues, jonglant entre les adages et les formules connues pour aboutir à ce joyeux débat entre la parole et l’écrit. A trop s’endormir sur les pages des Codes civils, il semblerait que l’encre de certains articles ait coulé dans son cerveau pour y laisser des traces indélébiles. oOo Je dessine très mal et les écrits sur ma personne sont des plus ennuyeux, pourtant je suis sûr que je serais un héros de roman des plus fringants ! Quant à mes palpitants exploits relatés dans mon dossier scolaire, j'espère qu'ils ont été égarés, leur publication serait un profond embarras, mais nous dirons pour ma défense qu'il y a prescription ... oOo Peut-on réellement écrire quelque chose d’ennuyeux sur quelqu’un qui ne l’est pas ?, questionna-t-elle, une lueur de malice scintillant dans ses prunelles. Et tu m’en as trop dit ou pas assez sur ton dossier scolaire, là. oOo La curiosité est un vilain défaut, certes. Mais n’allez jamais agiter des informations sous le nez d’une Serdaigle pour ensuite lui assurer que tout cela est vieux, poussiéreux et totalement dépassé. Cela ne lui donnerait que plus encore l’envie d’y fourrer son nez. Quel esprit de contrariété, n’est-ce pas ? Eh bien, chez les Bleu et Bronze, l’aventure … c’est un peu ça.

Désormais dans le magasin, la thésarde esquiva les compliments comme à l’accoutumée, se montrant meilleure acrobate en la matière que dans une quelconque discipline sportive. Et lorsque Fedor régla l’addition, elle sorti un petit oOo la prochaine fois, cela sera mon tour oOo qui, dans la bouche d’une demoiselle comme elle n’avait rien d’ambigu. Saluant la gérante, elle tendit vainement les bras pour attraper les paquets mais fut devancée par le Russe qui, en plus d’être chargé comme pas possible jouait les galants hommes. Confuse et le rouge montant aux joues, la Wallonne l’apostropha sur un ton teinté d’excuses. oOo Maiiis j’aurais pu tenir la porte, tu sais. oOo Une de ses mains se plaqua sur le rebord du bois, lorsqu’elle fut enfin dehors, et elle fit signe au jeune homme de la précéder tandis qu’elle le laissait sortir, le libérant de sa tâche, puis elle referma ladite porte et reprit son chemin.

Ses pas s’égrainant en direction de la plage, elle eut un sourire en coin à la « ben voyons » en entendant l’infirmier commenter sa gourmandise. oOo Je ne te savais pas si gourmande, ta taille fine est un sacré trompe l’œil ... oOo Je vole tous les soirs, fut la première réplique qui quitta ses lèvres, talonnée par un « mais je ne me pèse jamais, je ne fais pas attention, en vrai », jugé trop prosaïque, qu’elle retint juste à temps. Enfin, pas au Quidditch. Enfin si, Quidditch, mais c’est plus rare. Là je vole avec … ma chouette. En fait. oOo Et dire clairement « je suis animagus, je m’entraîne parfois le soir et puis c’est reposant », c’était trop compliqué, peut-être ? oOo Cela dit, l'avenir appartient aux gourmands ! Si on ne profitait pas des bonnes choses de la vie, ce serait vraiment du gâchis. oOo Carpe diem, n’est-ce pas ? oOo Les citations latines, le retour. Plus qu’une manie, son apprentissage des langues anciennes lui collait à la peau. Une de ses pensées s’envola vers Holly, gourmande de premier ordre, avant que la sorcière ne reprenne. oOo Mais bon, je ne suis pas une grande fêtarde alors je concède aisément que la nourriture est là où je commets le plus d’excès. oOo Toute proportion gardée, cependant. Vous verrez, à la fin du repas, il resterait la moitié des sucreries et elle n’en aurait pas mangé un quart, en grande partie sûrement parce qu’elle aurait passé son temps à bavasser. oOo Je te sers ? oOo Fit-elle, désignant la boisson du menton.

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