L’heure était tardive, très tardive, lorsque le jeune homme fût réveillé en sursaut… Un regard sur son réveil le fit grogner de colère. Bordel, qui pouvait bien le déranger à cette heure ci. Oh mais en fait, c’était assez facile, une seule personne pouvait le déranger à une heure indue, Eterna Ginger Baskerville. Conscient maintenant de ne plus avoir le choix, il se leva de son lit, sans même prendre d’enfiler quelque chose par-dessus son caleçon. Sa sœur en avait vu d’autre après tout. Toujours en colère, il ouvrit la porte d’un coup sec ! Par la barbe pleine de morve et de matière non identifiée de Merlin, Eterna Ging… Il s’interrompit en se rendant enfin compte que ce n’était pas sa jumelle sur le pas de la porte mais Fedor. Ses sourcils se froncèrent aussitôt et il se recula pour le laisser entrer, chose qu’il ne fit pas. Mel... Mel, elle est partie. J'ai... J'ai tout foutu en l'air, encore une fois ! Euh what ? Meleager du réfléchir à deux fois avant d’arriver à se rendre compte de ce qu’il se passait. Finalement, lorsqu’il admit qu’il ne savait pas du tout de quoi il était en train de parler, Fedor était en train d’essayer de s’ouvrir le crâne sur sa porte. Eh ! EH ! Tu fais quoi là ? Ses mains attrapèrent les siennes pour éviter qu’il ne se fasse du mal. Finalement il le lâcha et l’observa attentivement, prêt à lui demander des explications sur son comportement. Je suis un salop, un putain de dégénéré. On devrait me tabasser ! Me péter les dents ! C'est tout ce que je mérite pour toutes mes conneries.

Oh… ok… Il n’avait jamais vu son ami comme ça. Il n’avait même pas le temps d’en placer une qu’il était déjà en train de se fustiger, toujours pour une chose qu’il ne comprenait pas. Finalement, il changea de position sur la porte et le jeune américain eut un sursaut à ses coups sur la porte ! Soudain soucieux du bruit pour les voisins, il voulut faire entrer le russe, sans y parvenir néanmoins. Fed’, viens entre, on va en parler à l’intérieur… Je piétine mon bonheur tout seul, et le coeur des autres au passage, quel genre de personne fait ça ? Quel genre de personne jure fidélité et la seconde d'après, se laisse embobiner par une bimbo sans cervelle et tombe dans le panneau ? Qui, hein ? Les odieux connards dans mon genre ! Encore une fois, il avait été coupé et il se demandait si son ami l’écoutait ou s’il était enfermé dans une sorte de monde bien à lui. Quand il frappa encore la porte, il le prit par les épaules et le tira à l’intérieur de son appartement, en mettant toute sa force pour être sûr qu’il ne résiste pas. D’un coup d’épaule, il ferma la porte et enfin soupira. Au moins, plus de problèmes de voisins. Il lança deux sorts sur la porte, un pour qu’ils soient tranquilles et un second pour insonorisé la porte. Okay, maintenant tu m’expliques Fedor, je comprends rien à ce que tu racontes !

Il eut à peine fini de parler qu’il se sentit attraper par les épaules. Frappe moi, Mel ! NON mais ça va pas ! FRAPPE MOI, BORDEL ! MAIS NON ! Il se dégagea d’un coup d’épaule et recula d’un pas. Putain mais Fedor qu’est ce qui va pas dans ta tête ! T’es là depuis genre, 5 minutes, j’ai déjà mal au crâne et je comprends que dalle ! Alors explique moi merde. Comme s’il venait de courir un marathon, Meleager était essoufflé et finalement, en avisant l’air de Fedor il se calma. Son pote avait l’air dévasté… Il eut un léger sourire pour lui, comme pour le rassurer et s’avança finalement jusqu’à déposer sa main sur son épaule. Allez calme toi ! Respire un coup et calme toi. On arrivera pas à résoudre ton problème si tu restes aussi énervé. Et surtout pas si t’essaye de te blesser. Alors calme toi, explique moi, et on verra d’accord ? D’un pas, il s’approcha de lui et posa sa seconde main sur son épaule. D’un coup sec, il appuya dessus pour qu’il s’assoit sur le fauteuil qui était juste derrière lui. Vodka, Whisky, Scotch ou Rhum ? Et me dit pas rien, tu as besoin de boire quelque chose. Oui certes, le jeune professeur de potions avait une réserve assez substantielle d’alcool, mais la preuve que ça servait. Il soupira et s’agenouilla devant Fedor. On va résoudre ton problème mon pote ! en tout cas, il ferait tout pour.

Tout se délitait. La brèche qu'il avait lui-même creusé, seul fautif, écartelait la Terre qui l'avalerait bientôt toute entier. Au fond, il s'y serait bien jeté. Plus rien n'avait de sens, ce beau sens qu'elles avaient encore hier. Combien d'efforts venaient-ils de réduire à néant, combien de compromis, combien de victoires ? Des montagnes dont il ne restait plus que gravas. Il ne lui restait plus rien. Ou plutôt, ne lui restait que Meleager pour le détromper, même s'il aurait bien du mal à y croire. Plus que du mal, même, à croire qu'il n'avait pas gâché sa dernière chance et que plus aucune ne devait lui être accordée car entre ses mains, elle serait d'emblée perdue. I était une cause perdue. ♦♦♦ Okay, maintenant tu m’expliques Fedor, je comprends rien à ce que tu racontes ! Lui hurla Meleager pour tenter de lui faire retrouver la raison. ♦♦♦ Mais il ne voulait pas expliquer, il voulait qu’il lui décroche la mâchoire pour qu’il ne puisse plus jamais parler ou embrasser qui que ce soit ! S’il pouvait même avec le goût de lui arracher le cœur, l’infirmier n'était pas contre. De toute façon, il n'en avait plus besoin, ce n'était plus qu'un bout de chair pendouillant inutile qui avait commencé à pourrir. Qu'il le cogne, qu'il le déchire, qu'il le réduise à néant pour de bon. Il devait souffrir encore, plus, pour espérer un jour pouvoir se pardonner l'énième faute qu'il avait commise, l'horreur qu'il avait infligé à celle qu'il se disait aimer... La trahison. Briser sa promesse et son jeune cœur dont il avait triomphé avec, ignoble qu'il était. ♦♦♦ MAIS NON ! Lui asséna son ami en le repoussant d’un coup d’épaule, ce qui ne l’empêcha pas de revenir à l’assaut. ♦♦♦ FAIS LE ! Lui ordonna-t-il en lui empoignant le poing. ♦♦♦ S'il ne le faisait pas, il le ferait lui-même, se jeter contre un mur ne lui faisait pas peur. Plus rien ne lui faisait peur. Il avait perdu toute raison de craindre en perdant... La femme de sa vie. L'image se fit nette dans son esprit, la certitude fit exploser les derniers vestiges de son palpitant et il se prit la tête entre les mains. ... Il avait perdu l'envie de vivre, aussi. ♦♦♦ Putain mais Fedor qu’est ce qui va pas dans ta tête ! T’es là depuis genre, 5 minutes, j’ai déjà mal au crâne et je comprends que dalle ! Alors explique-moi merde. ♦♦♦ Expliquer ? Etait-il donc si aveugle qu'il ait besoin de mots ? ♦♦♦ Qu’est-ce qui ne va pas chez moi ? Mais tout ! Regarde-moi ! Hurla-t-il, toujours aussi irraisonné et irrationnel. ♦♦♦ Non, Fedor, ton pote n'était pas médium mais maître de potions, il n'allait pas piger tout seul et n'avait pas installé une caméra dans ton slip pour l'éclairer davantage, sombre idiot. Il avait tout à fait raison d'exiger une accalmie et des phrases plutôt que des cris dignes d'un aliéné. ♦♦♦ Allez calme toi ! Respire un coup et calme-toi. On arrivera pas à résoudre ton problème si tu restes aussi énervé. Et surtout pas si t’essaye de te blesser. Alors calme toi, explique moi, et on verra d’accord ? ♦♦♦ Fedor releva les yeux sur lui et le fixa pendant cinq bonnes secondes. Une grosse larme, ronde, roula sur sa joue alors qu'il les abaissait aussi sec, honteux et plus malheureux que jamais. ♦♦♦ C’est trop tard… ♦♦♦ Murmuré, l'aveu ne fut sans doute clair que pour lui et il n'écouta pas les propositions de son ami. Il savait que rien n'aiderait. Plus personne ne pouvait rien pour lui. ♦♦♦ Vodka, Whisky, Scotch ou Rhum ? Et me dit pas rien, tu as besoin de boire quelque chose. On va résoudre ton problème mon pote ! ♦♦♦ Il ne chercha pas à répondre à son pote agenouillé devant lui ni davantage à le regarder. Il se trouvait dégoûtant et ne voulait plus lui imposer cette vue. Se relevant subitement, il saisit la poignée de la porte à pleines mains et l'ouvrit à la volée, faisant un pas au dehors. ♦♦♦ Désolé si je t'ai réveillé, de toute façon j'suis bon qu'à ça, m'excuser après coup... Lâcha-t-il, amer, avec toujours ce dégoût infini envers lui-même. T'aurais vraiment dû m'frapper, tu sais. J'le méritais mille fois. Esfir m'a dit qu'elle m'aimait, j'ai répondu que je lui serais fidèle et pour sceller cette promesse j'ai laissé November m'embrasser. Cracha-t-il en se massant les tempes comme s'il se filait un mal de tête, mais c'était plutôt la nausée. Maintenant, je vais me jeter à la mer et si les flots me recrachent, alors, peut être que je virerais alcoolique en ta compagnie. ♦♦♦ Sa voix avait à peine tremblé et secouant ses épaules dans un de ces agaçants haussements alors qu'il sentait des larmes qu'il n'avait pas le droit de pleurer lui venir aux yeux, il se retourna et fit un premier pas vers sa pénitence. Ou, autrement dit... La mort.

FAIS LE ! Mel le regardait, complètement perdu. Voir son ami dans cet état lui faisait un mal fou. Il avait envie de le prendre dans ses bras pour le réconforter. Il avait envie qu’il pleure pour essuyer ses larmes et lui dire que tout irait bien. Rien de tout ça ne fut fait pour autant, il ne faisait que le regarder, complètement perdu, ne sachant pas réellement quoi faire. Quand il attrapa son poing, il attrapa son poignet de l’autre main et serra pour le faire lâcher. Toute cette situation ne lui plaisait pas réellement, en particulier parce qu’il ne savait pas quoi faire pour l’aider. Qu’est-ce qui ne va pas chez moi ? Mais tout ! Regarde-moi ! Mel secoua la tête doucement, il ne comprenait rien, vraiment que dalle et ça le perdait. Je comprends pas Fed’… Finalement, c’est une explication qu’il demanda et la réponse serra son cœur. Ce n’était pas des mots, non, une simple larme coulant traîtreusement le long de sa joue. C’est trop tard… Le jeune professeur de potions s’avança vers son ami et attrapa sa larme avec son pouce, pour qu’elle ne glisse pas douloureusement sur sa joue. Finalement, même si ce n’était pas réellement ce qu’il se faisait entre mecs, il posa sa main sur sa nuque et l’attira à lui pour qu’il arrête de s’attaquer lui-même. Désolé si je t'ai réveillé, de toute façon j'suis bon qu'à ça, m'excuser après coup...

Presque aussitôt, il le lâcha et recula pour l’observer. C’était le genre de phrase qui induisait des choses vraiment pas cools. D’ailleurs, son ton ne lui plaisait vraiment pas, il avait l’impression qu’il allait faire une connerie et ce n’était pas la suite de ses propos qui allait le contredire. T'aurais vraiment dû m'frapper, tu sais. J'le méritais mille fois. Esfir m'a dit qu'elle m'aimait, j'ai répondu que je lui serais fidèle et pour sceller cette promesse j'ai laissé November m'embrasser. Ses propos le mirent légèrement mal à l’aise mais il fit comme si de rien n’était, maintenant, ils étaient là pour Fedor et non pas pour lui. Maintenant, je vais me jeter à la mer et si les flots me recrachent, alors, peut être que je virerais alcoolique en ta compagnie. Aussitôt, le prof de potions se sentit mal et il attrapa le jeune homme par le poignet. Déconne pas mon pote ! Ca va arranger quoi que tu te jettes à la flotte ? Tu crois qu’elle te pardonnera parce que t’es mort ? Ca changera que dalle alors sérieusement, arrête tes conneries !

Il eut un soupir et finalement le lâcha mais le poussa légèrement, pour qu’il tombe sur le canapé derrière lui. Maintenant tu vas m’écouter ! T’as fait une connerie, ça c’est sûr, mais ta vie n’est pas finie. Tu trouveras la fille qu’il te faut. Celle qui te permettra d’être heureux, tout en continuant ta vie comme elle est. Tu oublieras Esfir, ce qui n’est pas forcément plus mal… De nouveau, il s’était accroupi devant lui et chercha à ce qu’il le regarde dans les yeux. Fed’, mon vieux… mon pote… mon copilote. Tu peux pas te laisser aller comme ça pour une nana. T’es plus fort que ça vraiment. Et tu mérites mieux que toute cette flagellation. Sa main se posa doucement sur son épaule et il le regarda avec encore plus d’attention. J’te jure que tu vas t’en sortir, en attendant, viens boire un coup avec moi, t’as besoin de te bourrer la gueule c’est tout. Oui bon d’accord, ce n’était pas forcément le meilleur conseil du monde, mais Mel n’était pas très doué pour réconforter les gens. Sa présence suffirait peut être à le dérider après tout non ?

Mourir. Ce n'était pas la première fois qu'il y songeait, ni la seconde, en vérité. Cette pensée lui avait déjà maintes fois traversé l'esprit dans un passé qui n'était pas si loin. Se donner la mort, plus exactement. Il l'avait ardemment désiré. Certes, il y avait un fossé entre le vouloir et passer à l'acte, qu'il n'avait pas franchi, mais cette fois-ci était différente. C'était "la fois de trop". Les raisons, fondamentalement, de ce désir atroce d'en finir ne différaient pourtant pas tellement des fois précédentes : il se détestait à tel point qu'il ne se supportait plus, il ne pouvait plus voir Fedor Lvivnyr en peinture, plus vivre dans le corps de ce connard, tant il se dégoutait profondément. A la mort de son meilleur ami, Sevastian, il avait eu l'impression de tomber de valeureux et honorable soldat à lâche et stupide moins que rien. De n'être plus qu'un déchet humain. S'il avait survécu à la prison, ce n'était que parce qu'il pensait mériter des souffrances infinies, que ce n'était que justice, qu'il devait faire pénitence pour n'avoir pas pu sauver celui qui aurait dû être son témoin le jour de son mariage. Puis, une fois dehors, avec la possibilité de reprendre sa vie en main, il avait souhaité mourir. Il n'avait pas réussi à reprendre pied, ne s'était pas assez racheté. Il aurait souhaité rester en prison... Et, en vérité, il y était encore dans sa tête. Le diagnostic était tombé : dépression grave. On avait dû le protéger de lui-même. Puis, à force de temps, de traitement, de patience et d'amour maternel à outrance, il avait fini par apprécier de nouveau la lumière du jour, trouver une nouvelle direction ... Jusqu'à ce que tout s'effondre de nouveau, ce soir. ♦♦♦ Je comprends pas Fed’… Souffla Meleager face à un Fedor désemparé qui se battait contre lui-même, contre le salop en lui qu'il souhaitait que Meleager tabasse. ♦♦♦ Mais ce fut le Fedor pétri de faiblesses qui choisit de se montrer, sous la forme d'une larme que Meleager empêcha de couler avant d'abattre la tête du russe contre son torse. Fedor s'en voulait tellement. De tout, de ce qu'il avait fait, de pleurer, d'infliger des maux à ceux à qui il tenait le plus au monde, de ne pas être capable d'aimer comme un putain de mec normal mais seulement de détruire... Il pensait aimer sincèrement Esfir, de tout son coeur, alors pourquoi l'avait-il trompée ? Il pensait aussi adorer Meleager au delà des mots, alors comment pouvait-il afficher sa peine sous ses yeux et clairement lui en causer ? ... Tout simplement parce qu'il n'était qu'un égocentrique pourri jusqu'à la moelle. Alors, soudain, il se résigna. Il se recula. Il ne voulait pas être ce gars là, il ne pouvait plus se regarder dans la glace, plus vivre comme ça, il n'avait donc pas d'autres choix que d'arrêter. De tout arrêter. Avant qu'il n'ait fait plus de mal... ♦♦♦ Déconne pas mon pote ! Ca va arranger quoi que tu te jettes à la flotte ? Tu crois qu’elle te pardonnera parce que t’es mort ? Ca changera que dalle alors sérieusement, arrête tes conneries ! Réagit Meleager en le retenant par le poignet, l'arrêtant dans sa fuite vers le bord du précipice, bien qu'en réalité il était déjà en chute libre. Même si elle me pardonnait, ce qui n'a aucune chance de se produire dans un futur proche comme lointain, moi je pourrais pas... ♦♦♦ Sa voix était toujours aussi brisée, entre le soupir et le râle. Il n'avait plus aucun espoir. Il savait que son erreur était irréversible. Il avait brisé le coeur d'Esfir et le sien, il lui avait prouvé qu'il n'était pas digne de confiance, qu'il n'était qu'un goujat dont les promesses ne valaient rien. Non, il ne se le pardonnerait jamais, ce bonheur mort né, cette histoire d'amour avortée... ♦♦♦ Maintenant tu vas m’écouter ! T’as fait une connerie, ça c’est sûr, mais ta vie n’est pas finie. Tu trouveras la fille qu’il te faut. Celle qui te permettra d’être heureux, tout en continuant ta vie comme elle est. Tu oublieras Esfir, ce qui n’est pas forcément plus mal… ♦♦♦ Meleager l'avait forcé à s'asseoir et il s'était laissé tomber sur le canapé comme un poupée désarticulée. Il était vide, sans énergie, mais cette dernière phrase énoncée par Meleager le réveilla d'un coup, comme dans un sursaut de conscience. L'oublier ? Oublier Esfir ? Il croyait sincèrement ce qu'il disait ? Que c'était aussi simple ? Et vraiment que c'était pour le mieux ? ♦♦♦ Mais je... ♦♦♦ "Je l'aime", manqua-t-il de peu de lâcher, ce qu'il ne fit pourtant pas. Il avait déjà prouvé qu'il ne savait foutrement pas ce que c'était qu'aimer... ♦♦♦ Fed’, mon vieux… mon pote… mon copilote. Tu peux pas te laisser aller comme ça pour une nana. T’es plus fort que ça vraiment. Et tu mérites mieux que toute cette flagellation. ♦♦♦ Non, il ne méritait pas mieux du tout, il méritait le pire, il méritait des insultes, il méritait des coups, il ne méritait aucune compassion et encore moins son aide ! ♦♦♦ Arrête... Lâcha-t-il en prenant sa tête dans ses mains tandis que son ami continua pourtant. J’te jure que tu vas t’en sortir, en attendant, viens boire un coup avec moi, t’as besoin de te bourrer la gueule c’est tout. ♦♦♦ Fedor resta à fixer l'intérieur de ses paumes plusieurs secondes, silencieux, cherchant un échappatoire. Il le savait, il n'aurait jamais dû venir dans ce bureau. Il n'était qu'un poids mort et le mettre sur le dos de Meleager était indigne de quiconque envers l'un de ses meilleurs amis. ♦♦♦ Vodka... Finit-il par soupirer, sachant pertinemment qu'il ne faisait que retarder l'inévitable, mais il n'allait pas refuser un dernier verre avant de filer/tituber sur la planche et de faire le grand saut. ♦♦♦ Si seulement cela avait pu être un cocktail au cyanure, cela aurait fait d'une pierre deux coups ! ♦♦♦ Trinquons... Au plus pathétique des épilogues. Souffla-t-il dans un rictus maladivement méprisant contre sa propre personne. Beaucoup de personnes vivront sans jamais avoir la chance d'être entourés de véritables amis. J'ai eu la chance de croiser ta route, moi. Ça compte beaucoup. ♦♦♦ Il détourna le regard en se mordillant la lèvre puis, dans un haussement d'épaules harassé, avala son verre d'une traite. ♦♦♦ Ah... Les jumeaux Baskerville... Je le sais, aujourd'hui. Vous avez toujours été mes moitiés. ♦♦♦

Vodka... Il le savait déjà. En bon ami, il connaissait les goûts de Fedor et avait déjà préparé le breuvage fort dans deux verres. Il en posa un dans la paume de son ami en soupirant. Trinquons... Au plus pathétique des épilogues. Oh… Non non non. Ce trou du cul ne pouvait pas parler de ça, pas possible. Putain il était vraiment chiant quand il s’y mettait, heureusement qu’il était canon, ça compensait cet état de fait. Puérilement, il ne trinqua pas avec lui. Il ne pouvait pas le faire au nom de sa mort qu’il énonçait de façon ridicule. C’était pas possible de l’invoquer, juste parce qu’il déprimait un peu. Est-ce qu’il avait voulu mourir lui, quand il avait perdu la chose qui comptait le plus pour lui ? Non, alors il n’allait pas Fedor le faire, pas moyen. Beaucoup de personnes vivront sans jamais avoir la chance d'être entourés de véritables amis. J'ai eu la chance de croiser ta route, moi. Ça compte beaucoup. Ah... Les jumeaux Baskerville... Je le sais, aujourd'hui. Vous avez toujours été mes moitiés. T’es qu’un idiot Fedor. Parle pas comme si c’était la dernière fois qu’on se voyait. Je te laisserais pas mourir. C’est encore plus égoïste que tout ce que ton petit cerveau bizarre pourra imaginer. Si tu meurs, comment je fais moi ? Je préfère te consoler tous les soirs, que te voir échoué au pied d’une falaise, ou je sais pas quoi. Son regard était dur, il ne voulait pas l’entendre parler comme ça. C’était juste pas possible. Si tu te suicides, j’te jure que je trouve un moyen de te ramener, juste pour te tuer, espèce de couillon. C’était une insulte amicale et il avait juste envie qu’il arrête de s’auto flageller comme ça, juste pour une erreur.

Certes, il avait perdu la femme qu’il aimait, mais ça arrivait constamment. Si tout le monde devait se suicider pour une douleur d’amour, il ne resterait plus grand monde sur la terre. Un nouveau long soupir se fit entendre de Mel, avant qu’il ne plonge son regard dans le sien, après avoir vidé son verre. Ecoute moi bien Fedor, tu n’es pas un sombre connard. Tu n’es pas le premier mec à déconner, tu ne seras probablement pas le dernier, mais quoi qu’il arrive, je serais toujours là pour toi. Et comme tu viens de le dire, Eterna aussi. On t’aime tous les deux, que tu sois bon ou mauvais. Alors… Je vais tout faire pour t’aider. Une stupide idée venait de lui parcourir l’esprit et il se demanda plusieurs secondes s’il devait la mettre en place ou pas. Ce n’était que retarder l’inévitable et puis… Ce n’était pas vraiment bon pour l’équilibre de son ami. Néanmoins s’il pouvait lui faire oublier sa vie de merde, juste un tout petit peu, il n’était pas contre du tout. De nouveau, l’américain se leva pour aller farfouiller dans son armoire doucement. Bien alors mon ami. Qu’es tu près à faire pour ne plus souffrir comme tu le fais ? Je pense que je peux t’aider mais je… veux que tu sois sûr de toi. Certes, ce qu’il tenait dans la main n’était pas vraiment le saint graal, mais ça lui ferait oublier pendant un certain tems Esfir. Suffisamment longtemps, il fallait l’espérer, pour qu’il tombe amoureux de quelqu’un d’autre et qu’il ne souffre plus de son souvenir. Bon… Je peux te faire tout oublier de cette histoire. Seulement, je veux vraiment que tu sois sûr. Je veux que tu assumes ce choix, parce que s’il semble facile maintenant, il te manquera toujours une partie de toi. Si je te fais oublier cette partie de ta vie, tu te demanderas toujours quelle est cette sensation quand tu vois Esfir. Et… Il secoua la tête, il ne voulait pas faire ça, mais son ami semblait en savoir besoin. Est-ce que tu veux l’oublier, sans que ton corps ne l’oublie. Voilà ce que ferait ma potion. Si tu n’es pas sûr. Ne le fais pas et on oubliera normalement. Avec la vodka.