Natalia n’avait pas choisi cette ile par hasard… Certes, il y avait la présence de sa petite sœur qui aurait pu expliquer sa venue. Il y avait aussi ce facteur, île magique, barjot moldu, incapacité pour lui de la trouver ici. On pouvait aussi ajouter le grand soleil qui lui ferait un bronzage parfait sur sa peau pâle. Mais il y avait mieux… plus que tout cela, c’était la présence d’Istvan Bernhardt qui la ravissait. Oh oui, je vous vois venir, vous aller me parler de sentiments, d’amour et patati et patata… Non pas du tout. Cet homme était certes son ex et à ce jour le meilleur coup qu’elle avait jamais connu, mais ce n’était bien que pour cette dernière raison qu’elle désirait le revoir. Elle avait appris par une personne quelconque que Bernhardt était sur cette île et elle ne partirait pas sans l’avoir au moins revu. Au mieux ils baiseraient comme des bêtes pendant une nuit entière, ou même une semaine entière… Au pire elle serait tout de même contente de le revoir. Cependant malgré sa résolution de lui mettre la main dessus, elle ne l’avait toujours pas croisé. A croire qu’il n’était pas vraiment sur cette île, alors qu’on l’avait persuadé du contraire. Elle ne ruminait pourtant pas son attente, elle était persuadé qu’elle tomberait dessus à un moment donné. Et c’est lors d’une balade près du phare que ses attentes furent récompensées. Au loin, une silhouette qu’elle aurait reconnue entre mille et qui n’avait pas changé d’un poil. Il était toujours aussi bien foutu autant qu’elle pouvait en juger à cette distance. Sans se préoccuper des convenances, sans même s’intéresser à ce que cet acte pour vouloir dire ou sans même se questionner sur les impacts sur sa réputation, elle se mit à courir vers lui. Il ne lui fallut que quelques secondes pour arriver à destination et effectuer un magnifique saut droit sur le dos du jeune homme. Elle s’agrippa à son cou comme un koala à sa branche et déposa un rapide bisou sur sa joue gauche avant de le relâcher aussi vite qu’elle l’avait accroché…

« Salut beau gosse ! Ca fait plaisir de te revoir… » C’est d’un ton complètement calme qu’elle avait pris la parole, qui contrastait totalement avec son attitude précédente. Elle avait un grand sourire qui inondait son visage, signe s’il en est qu’elle était vraiment heureuse de le revoir. Elle ne comprenait pas pourquoi elle était si contente mais les faits étaient là, Istvan lui avait terriblement manqué. Reculant d’un pas, elle commença à l’observer sous toutes les coutures et se rendit compte finalement d’une chose. C’était un uniforme d’élève qu’il portait et c’était… étrange. Il était aussi âgé qu’elle et pourtant il allait toujours à l’école ? Quelque chose ne collait pas, mais alors pas du tout. Elle se mit à rire soudainement, avant de reprendre la parole, toujours hilare… « Ne me dit pas que tu portes un uniforme d’élève pour se taper des petites écolières quand même ? C’est vraiment machiavélique comme plan… » Inutile de préciser qu’elle le pensait totalement capable de faire ça, et qu’elle ne croyait pas non plus une seule seconde qu’il puisse encore aller à l’école à son âge… « A moins que… Me dis pas que t’es un vrai pourri en cours. A tel point que t’es encore à l’école ? Ca fait super looser quand même ! » Etre gentille ? Etre polie ? Euh pourquoi faire ? Elle n’avait pas besoin de prendre de gants avec lui de toute façon. C’était son ex après tout, il avait vécu bien pire lorsqu’ils étaient ensembles, ce n’était pas le moment de paraître prude, ça serait totalement déplacé. Elle fit un pas vers lui et lui attrapa la manche, comme avant, lorsqu’elle voulait un calin… Elle ne réclamait jamais ouvertement, préférant de loin se faire offrir les choses sans paraître les demander. « T’as pas changé en tout cas. Je suis vraiment contente de te revoir, tu m’avais terriblement manqué… » Natalia n’était pas souvent sincère lorsqu’elle parlait avec les autres mais là… Si…

▬ Ouais ouaaaiiiiis. L’air idiot de l’adolescent qui trouvait que la vie c’était nul flottant encore sur ses traits, Istvan tourna finalement le dos au professeur de potion, shootant dans un caillou invisible en grommelant quelques phrases incompréhensibles qui impliquaient probablement des « Les ados ça pue » et « Fuck Elderwood » ainsi que « Shit, ça manque de souffre », le tout légèrement pêle-mêle.
Il y avait des jours, comme ça, où rien ne semblait rouler. Le soleil semblait se lever du mauvais côté et Istvan de même, par mimétisme. Alors l’Anglais râlait, beaucoup. Toute la journée, en fait. Il traînait sa longue silhouette dans les couloirs, baguette au poing, à grogner qu’il lui fallait bien un mage noir à buter, là, de suite, et que si, par le plus grand des hasards, l’école pouvait soudainement se trouver attaquée par un sorcier psychopathe souhaitant probablement asservir le reste de la planète, la réduire en esclavage et/ou transformer le reste de la race humaine en poulets transgénique, à commencer par l’île de Nameless… Ben ce serait drôlement bien. Il serait même prêt à en accepter le monologue du névrosé mégalomane précédant le rire de dément, comme dans les films Hollywoodiens.
Tandis qu’il traînait la patte jusqu’à la sortie d’Elderwood, l’auror en était venu à ruminer que si l’île commençait à brûler ou si les volcans entraient en éruption simultanément se serait carrément plus drôle et plus passionnant que ce qu’il faisait présentement, à savoir errer sans but dans ce que ses collègues se plaisaient à appeler les rondes quotidiennes. Ok. Il en était donc venu à préférer la fin du monde à son job, ce qui indiquait que là, de suite, il avait bien besoin d’aller hurler sur la falaise qu’il en voulait à l’univers entier et probablement aux dimensions parallèles qui le constituaient.
Istvan se glissa hors de l’enceinte de l’école et prit le chemin des îles diverses constituant l’archipel tout-moisi-kipu fantastique de Nameless, direction le phare pour scruter les environs, des fois que l’ennemi soit potentiellement idiot et qu’il lui prenne l’envie d’attaquer Elderwood en drakkar ou à la nage. Avec les méchants, on ne savait jamais trop. Certains étaient vêtus comme des Legos, avaient de l’asthme et une grande cape, se battaient avec des néons géants générant des bruitages ridicules et–Patapé, Phil… bref. Il fallait donc s’attendre à tout avec les méchants qu’ils soient Disney ou névrosés.
Alors oui, scrutant l’horizon avec une attention toute professionnelle, Istvan s’attendait à tout, même à ce qu’un mage sans nez surgisse du fond de l’océan avec un python géant, juché sur le dos d’une baleine et commence à balancer des Avada Kedavra. Il avait tout prévu sauf une attaque lâche dans son dos. Une masse s’abattit sur son dos, s’agrippant autour de son cou pour probablement lui briser la nuque et le laisser pour mort. D’instinct, le jeune homme dégaina sa baguette et se cabra légèrement avant de se dire que finalement, les méchants ne faisaient généralement jamais de bisous sur la joue à leurs victimes. Et les méchants n’avaient pas de longs cheveux blonds. Et ils ne sentaient pas la vanille. Enfin, à part la méchante dans Basic Instinct mais tant qu’il n’était pas menotté à un lit et menacé avec un pic à glace, il n’avait théoriquement rien à craindre.

▬ Salut beau gosse ! Ok, donc maintenant les méchants appelaient leurs futurs jouets « beau gosse ». Tout allait bien. Normal.
▬ Ca fait plaisir de te revoir… A parce qu’on se connaît ? Faillit répliquer le Londonien alors que les mots s’étranglaient au fond de sa gorge pendant qu’il effectuait un demi-tour vers la jeune femme. Qui s’avéra être une connaissance, en plus de ça. Merveilleux.
▬ Je… NATALIA ? Question rhétorique, évidemment.
Natalia, la première à avoir attaqué son petit cœur tout rabougri d’Anglais idiot. Natalia qui avait contribué à ce qu’il était devenu, quand on y pensait. Il l’aimait toujours beaucoup, toute réflexion faite. On dit qu’il y avait bien toujours une place pour les premières fois, et Nat était cette première fois, sincère et durable, bien loin des amourettes adolescentes qu’il avait partagée avant, sorte de prototype raté de ce qu’il aurait pu avoir avec Jude s’il n’avait pas été aussi stupide. Istvan secoua la tête pour écarter tout défaitisme.
▬ Ne me dit pas que tu portes un uniforme d’élève pour se taper des petites écolières quand même ? C’est vraiment machiavélique comme plan…
L’Anglais eut un sourire amusé.
▬ Attends, je peux tout t’expliqu… Non, finalement, il ne pouvait pas tout lui expliquer. Surtout qu’il ne pouvait rien dire, en fait. Ou juste un peu. Mais pas maintenant.
▬ A moins que… Me dis pas que t’es un vrai pourri en cours. A tel point que t’es encore à l’école ? Ca fait super looser quand même !
Il grommela en tirant sur son uniforme.
▬ Heu non, bah c’est pas vraiment ça… C’était même pas du tout ça, mais allez donc expliquer ça à votre première vraie relation qu’en fait vous étiez juste déguisé en élève pour être infiltré dans un école comme un fuckin’ agent secret à la James Bond. Sauf que bon, connaissant Natalia, elle lui aurait peut-être rit au nez ou l’aurait raconté partout parce que c’était sexy. Quoi qu’il en soit, Istvan se contenta de sourire d’un air embarrassé, les histoires viendraient plus tard.
▬ T’as pas changé en tout cas. Je suis vraiment contente de te revoir, tu m’avais terriblement manqué…
L’Anglais se dandina brièvement, glissant finalement son bras autour des épaules de la polonaise pour déposer un baiser sur sa joue.
▬ J’ai pas changé ? Hééééé ! Je sais pas comment j’dois le prendre. Mais bon, jdois avouer que ça me sert pas trop mal, Confia-t-il à mi-voix avec un sourire en coin Toi en revanche… Humrmrmmmmr… Je ne saurais dire, haha. Ca fait longtemps, n’est-ce pas ? Longtemps que tu ne m’as même pas donné de nouvelles. Mais qu’est-ce que tu fais sur cette île perdue dans le Pacifique ? C’est genre… Tellement loin de tout ces trucs brillants que tu affectionnes taaaant, les projecteurs, tout ça…
Tu m’as manqué aussi, Nat… Conclut l’auror dans un sourire épanoui.
Il avait aimé Natalia, et il tenait toujours à elle, c’était une réalité. Et oui, elle lui avait manqué.

Je… NATALIA ? Le jeune homme s’était enfin retourné vers elle, après ce qui lui avait semblé une éternité. Bon sang, elle avait l’impression de revenir 6 ans en arrière et mine de rien, ça lui plaisait pas mal. Non, c’est la reine d’Angleterre ! Bah oui idiot, Natalia ! Pourquoi t’as l’habitude de te faire sauter dessus par l’île toute entière ? Le fait d’être face à lui, comme ça, lui rappelait tellement de bons souvenirs qu’elle voudrait presque que ce moment dure toujours. A cette époque là, elle n’avait plus les soucis avec son père et elle était tombée amoureuse pour la première fois. A cette époque là aussi, elle s’ouvrait facilement aux autres, avec son vraie caractère, pas celui pin-up. Elle avait recommencé à parler, sans même se soucier de faire des pauses. Attends, je peux tout t’expliqu… mais avant même qu’il ne puisse continuer, son flot de parole s’était de nouveau activé et elle enchaînait. C’était si facile de parler avec lui, de ne raconter que des choses idiotes sans se préoccuper de rien. Sa rencontre avec le bel anglais était vraiment un souffle d’air frais pour Natalia, ça lui faisait beaucoup de bien, vraiment. Heu non, bah c’est pas vraiment ça… Un instant elle le considéra. Si ce n’était pas pour se taper des étudiantes, ni parce qu’il était un élève, pourquoi était il habillé comme tel ? Alors qu’est ce que c’est, tu veux pas m’expliquer ?

Elle eut une moue boudeuse un instant. En son for intérieur, elle avait bien comprit qu’il cachait quelque chose et elle était quelque peu vexée de ne pas être dans la confidence. Bon d‘accord, elle avait complètement zappé de lui écrire ces dernières années et bien sûr, il ne l’avait pas fait non plus. A cause de ça, elle ignorait tout de sa vie actuelle et c’était la première fois depuis bien longtemps que ça l’ennuyait autant. Lorsqu’elle le sentit s’approcher d’elle, elle eut un grand sourire. Non pas qu’elle veuille de nouveau remettre le couvert avec lui mais… Qu’il se sente assez à l’aise pour passer un bras sur ses épaules et pour l’embrasser signifiait qu’il avait lui aussi rangé leur histoire dans un placard, celui des bonnes choses qui doivent tout de même finir.J’ai pas changé ? Hééééé ! Je sais pas comment j’dois le prendre. Mais bon, jdois avouer que ça me sert pas trop mal, Son rire s’éleva, cristallin, à sa remarque. C’était vrai, comment devait il le prendre après tout ? Bah… Si j’suis tombée amoureuse de toi à l’époque, c’est que t’étais pas si nul ! Du coup, je crois que c’était un compliment que je viens de te faire tu crois pas? Sa logique était peut être toute personnelle et à vrai dire, si elle l’avait rencontré là, maintenant, elle ne se serait probablement pas retournée sur lui. Certes, il était toujours aussi canon mais il avait cet air gamin qu’elle aurait probablement détesté.

Toi en revanche… Humrmrmmmmr… Je ne saurais dire, haha. Ca fait longtemps, n’est-ce pas ? Elle se dégagea de son étreinte et le regarda avec des yeux ronds. Euh ? Est-ce que t’es en train de me dire que t’as tout oublié de moi et que du coup tu sais pas si j’ai changé ou pas ? Ist’, tu devrais faire gaffe, j’vais te botter les fesses ! Mi-figue, mi-raison, elle avait néanmoins décidé de prendre ça à la rigolade, du moins un petit peu. Longtemps que tu ne m’as même pas donné de nouvelles. Une petite grimace déforma son joli visage. C’était vrai, elle n’avait pas donné de nouvelles. Eh ! Toi non plus je te signale ! T’as plus envoyé de lettres non plus ! C’est pas que de ma faute. Sara m’envoit toujours des lettres et regarde, on est toujours en contact, donc c’est pas que moi… Démonstration un peu hasardeuse mais dans l’absolu, pour garder contact, il fallait être deux et dans l’histoire elle n’avait pas été la seule à ne rien envoyer. A cause de cette petite escarmouche, elle avait croisé les bras sur sa poitrine. Ce n’était pas de la colère qu’on lisait dans ses yeux mais de la tristesse, en fait, elle regrettait vraiment d’avoir perdu contact.Mais qu’est-ce que tu fais sur cette île perdue dans le Pacifique ? C’est genre… Tellement loin de tout ces trucs brillants que tu affectionnes taaaant, les projecteurs, tout ça…

Sa moue redevint boudeuse, juste une seconde pourtant. C’était assez… désagréable d’être jugé comme ça, même par son ex petit ami ! Il la connaissait bien pourtant, il savait que tout ça c’était que de la poudre aux yeux non ? En vérité, j’aime pas tant ça. Tu sais, ça m’a fait gagner plein de trucs, genre de l’argent, des récompenses, des fans et tout… mais ça m’a aussi fait perdre beaucoup plus ! Enfin, on est pas là pour déprimer hein ? Et puis, j’pense pas que ça soit judicieux de parler de mecs avec toi hein ! Leja bien sûr… Encore et toujours elle revenait à lui c’était... inconscient et désagréable, mais elle n’arrivait pas à s’en empêcher. Tu m’as manqué aussi, Nat… Ses yeux se relevèrent vers lui sans même qu’elle ait eut conscience de les avoir baissé. Un léger pincement au cœur la prit et elle n’hésita qu’une seconde. Une seule petite seconde avant de lui sauter dessus de nouveau. Elle s’accrocha à sa nuque et se blottit tout contre lui. Son odeur était réconfortante, comme sa présence près d’elle. Pour la première fois depuis des années elle se sentait enfin… Elle-même ! Je suis tellement désolée d’avoir arrêté d’écrire Ist’ ! J’aurais jamais du parce que maintenant, je me rends compte à quel point j’aurais aimé continué à te parler, même après notre rupture ! Elle se lâchait rarement, mais en présence de l’anglais, c’était si facile, si agréable…

▬ Non, c’est la reine d’Angleterre ! Bah oui idiot, Natalia ! Pourquoi t’as l’habitude de te faire sauter dessus par l’île toute entière ? Manifestement, les questions simplement rhétoriques ne l’étaient pas pour tout le monde. Istvan eut un sourire teinté d’amusement et d’une légère amertume. Si Jude entendait ça, c’en était fini de lui et ses rêves de cottage entre mer et montagne avec des bébés dans le congel… Bref, inutile de vous refaire le film.
Il bafouilla, se dandina comme un gosse retourné au collège (oui c’était un peu le cas mais passons) et planta ses yeux dans ceux de la jolie blonde, premier amour et premières expériences. Premier échec aussi, quand on y pensait, mais nous y reviendrons.
▬ Alors qu’est ce que c’est, tu veux pas m’expliquer ? Le Londonien se mordilla la lèvre inférieure et secoua négativement la tête. Les révélations viendrait, forcément, il lui devait bien ça, mais bavarde comme l’était Natalia, il valait mieux prendre la température avant tout. Puis il ne l’avait pas vu depuis longtemps. Pas vue, ni entendue, ni même lue, d’ailleurs. Elle lui avait manqué, mine de rien. Son sourire, son visage radieux et sa voix. S’il avait eu le temps de lui écrire et si elle avait fait de même, peut-être aurait-il continué. Allez donc savoir. Les questions sur son uniforme firent naître un certain malaise chez l’Anglais mais il se contenta d’hausser les épaules après s’être un temps battu avec la vérité.
▬ Patience, jeune apprentie Eluda-t-il avec un sourire espiègle, coupant court à toute protestation en plantant un index résolu sur les lèvres de la Polonaise.
Il brisa la glace et avala le peu de distance qui le séparait de Natalia pour l’enlacer doucement et déposer un baiser furtif sur sa joue, en toute amitié évidemment.
▬ Bah… Si j’suis tombée amoureuse de toi à l’époque, c’est que t’étais pas si nul ! Du coup, je crois que c’était un compliment que je viens de te faire tu crois pas ?
▬ Evidemment, suis-je bête, Natalia ne sait donc faire que des compliments déguisés. Railla doucement le Londonien en tapotant l’épaule de son amie.
La proximité de la blonde lui faisait pourtant le plus grand bien et une lueur de malice mâtinée d’affection éclairait le fond de ses iris tandis qu’il s’adressait à elle d’un ton taquin.
▬ Euh ? Est-ce que t’es en train de me dire que t’as tout oublié de moi et que du coup tu sais pas si j’ai changé ou pas ? Ist’, tu devrais faire gaffe, j’vais te botter les fesses ! Râla la Polonaise en se dégageant tandis qu’il levait les mains en signe de reddition.
▬ Eh ! Toi non plus je te signale ! T’as plus envoyé de lettres non plus ! C’est pas que de ma faute. Sara m’envoit toujours des lettres et regarde, on est toujours en contact, donc c’est pas que moi… Un sourire affable s’esquissa sur le visage d’Istvan en réponse à sa moue boudeuse de Natalia. Elle n’avait pas tort, il n’avait pas franchi le pas et il écrivait toujours à Sara. Les reproches se valaient. Pourtant, de son côté, ce n’était pas venu d’une mauvaise intention. Peut-être bien d’un manque d’intention tout court. Une fois séparés, il n’avait plus su, quoi dire, quoi faire et quels mots employer. Puis il y avait eu Jude. Ca n’excusait rien, mais c’était ainsi.
▬ En vérité, j’aime pas tant ça. Lui répondit Nat’ après qu’il ait pointé ses dernières activités. Si lui avait été plus ou moins discret, Natalia n’avait, quant à elle, pas été difficile à suivre à la trace. Mais ok, c’était un peu bas comme coup. Tu sais, ça m’a fait gagner plein de trucs, genre de l’argent, des récompenses, des fans et tout… mais ça m’a aussi fait perdre beaucoup plus ! Enfin, on est pas là pour déprimer hein ? Et puis, j’pense pas que ça soit judicieux de parler de mecs avec toi hein ! Il observa ce regard qu’il cherchait à accrocher depuis le début descendre doucement vers le sol et fourra les mains dans ses poches d’un air embarrassé. La délicatesse et le tact, c’était pour les pauvres, non ? L’espace d’un instant, il se sentit idiot et coupable. Tu boudes, Nat’ ? taquina-t-il mentalement avant de se raviser. Il avait fait l’imbécile, comme d’habitude. Pour des retrouvailles, on avait faire mieux, n’est-ce pas ?
Il aurait voulu tout lui dire d’un coup, s’excuser, ajouter que de toute façon, il détruisait plus ou moins tout sur son passage, qu’il avait été très pris et très embêté, mais…
▬ Tu m’as manqué aussi, Nat… Fut tout ce qui s’échappa de ses lèvres. Son regard recroisa enfin celui de la Polonaise et un sourire égaya à nouveau ses traits qui s’étaient brièvement figés dans l’angoisse qu’elle lui en veuille. Elle lui sauta au cou, sans prévenir, le prenant au dépourvu.
▬ Je suis tellement désolée d’avoir arrêté d’écrire Ist’ ! J’aurais jamais du parce que maintenant, je me rends compte à quel point j’aurais aimé continué à te parler, même après notre rupture !
Ses bras enlacèrent la frêle silhouette et il lui tapota maladroitement le dos comme pour consoler un pote qui venait d’apprendre qu’il n’y avait pas assez de frites dans son menu Big Mac, angoissé rien qu’à l’idée de voir Jude passer, comme ça par hasard et… Hum… Tant pis. Ils s’attendaient mutuellement. Puis c’était Natalia.
▬ Je suis désolé aussi, souffla-t-il doucement en reprenant de l’assurance, raffermissant sa prise sur les épaules de la blonde, tu m’as manqué aussi, vraiment. J’ai continué à écrire à Sara aussi, mais toi… Toi j’ai jamais su ce que je pourrais te dire. Enfin, surtout comment. J’avais des tas de choses à te raconter mais les mots pour les illustrer ne venaient tout simplement pas. Istvan s’écarta et planta ses pupilles dans celles de la jeune femme. Avec elle aussi, il avait tout raté. L’erreur, c’était un peu son moteur, finalement. On peut peut-être rattraper tout ce qu’on a loupé, non ? Proposa-t-il avec un clin d’œil dénué de tout sous-entendu, Mais tu m’as toujours pas dit ce que tu faisais sur cette île, mademoiselle Czajkowski. On va faire un jeu. Je pose une question, tu réponds et tu gagnes le droit d’en poser une autre. Une info contre une info, ça te branche ?
Ou comment faire passer la pilule en douceur.